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Les Faiseurs d'orage

Jean-Pierre HUBERT


Illustration de Ali MERZOUG

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 376 suivant dans la collection
Dépôt légal : mars 1984
Première édition
224 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 2-207-30376-4
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Pour qu'ils puissent atteindre les étoiles, la Science leur a donné l'immortalité et des pouvoirs extraordinaires. Mais ils ont préféré, pour mieux jouir de leur vie éternelle, se retirer dans une île d'où ils manipulent la Petite Humanité. Puis la lassitude les a gagnés et ils se sont suicidés, l'un après l'autre.
     Ils ne sont plus que cinq à présent, cinq névrosés qui jouent aux dieux sans parvenir à tromper leur solitude, qui se font la guerre par mortels interposés, mettant le monde à feu et à sang.
     Une humaine pourtant entrevoit un instant une dernière chance de salut et, dans un ultime sursaut, emploiera ses dernières forces à transformer le chaos en devenir.

     L'auteur
     Né en 1941, Jean-Pierre Hubert vit à Wissembourg où il enseigne depuis 1969. Musicien amateur, il s'intéresse de près aux recherches electro-acoustiques. Il a publié une cinquantaine de nouvelles dont une a obtenu, en 1982, le Grand Prix de la S.-F. française, et cinq romans dont le dernier, Le champ du rêveur, a paru dans Présence du Futur.
Critiques
     Des îles de la mer Egée à l'île inaccessible, la montagne plutôt, qu'habitent les Immortels, c'est à un match entre les dieux et les hommes que nous convie Hubert ; lui qui nous avait plutôt habitués à des humains bien ordinaires perdus dans la tempête de leurs propres conflits (cf. Scènes de guerre civile).
     On peut penser à Zelazny, comme le suggère le « prière d'insérer », on peut se laisser entraîner par l'ambiance méditerranéenne pour évoquer les dieux de l'Olympe. Pourtant ces nouveaux dieux que sont les Immortels portent bien souvent des noms à consonance germanique (Glauber, « le croyant », Lieb-Geist, « aime l'esprit », Schuttel, « la secousse ») qui correspondent de près à leurs rôles. (Seule trace ici de l'alsacianité de Hubert.) Quant aux orages que manient lesdits immortels, il s'agit en fait de tremblements de terre — menace beaucoup plus substantielle contre les entreprises de la « petite humanité », comme ils disent. Je m'étonne que la SF traditionnelle n'ait pas eu plus tôt l'idée d'user des séismes ; depuis les interrogations du Siècle des Lumières sur la destruction de Lisbonne, le thème était, sinon dans l'air, du moins dans le sol !
     S'il y a une « petite » humanité, c'est qu'il y en a une grande, et les Immortels ne sont pas moins humains que leurs sujets. Nous voici de retour à la vraie source du mal, l'humanité elle-même et ses rêves de pouvoir absolu : et leurs conséquences en termes de mal absolu, puisque tout ce que ces nouveaux dieux semblent capables de faire pour leur cheptel humain est de raser ses cités afin de mettre en place un ordre nouveau ne connaissant plus les individus que comme outils — plus précisément des « chevaux », supports physiques pour la possession mentale par l'un ou l'autre des Immortels.
     Je ne peux m'empêcher de penser aux systèmes totalitaires de tout poil. La similitude est poussée encore plus loin : il est des groupes d'humains qui prennent d'eux-mêmes le parti des Immortels dans les archipels non encore soumis. Le « Souterrain » travaille pour Schuttel et les « Nouveaux Croyants » pour Glauber, mais au-delà de leurs différences superficielles (machinisme des membres du Souterrain contre cathédrales des Nouveaux Croyants), ne poursuivent-ils pas des buts semblables ? C'est à eux que va le dégoût le plus prononcé de la protagoniste, Mélinoa : « Les membres du Souterrain devaient espérer des privilèges exorbitants pour se réjouir ainsi des actions meurtrières des Faiseurs d'Orages. Peut-être étaient-ils simplement fanatisés comme les Nouveaux Croyants. Mélinoa ne cherchait pas à comprendre pour le moment. » En effet, elle ne cherche pas : quels abîmes de complexité se cachent derrière ce « simplement » ! C'est au lecteur d'aller les sonder...
     Au-delà du « message » (l'humanité sera toujours le pire bourreau de l'humanité), il y a ici un solide roman, un roman d'aventures, mais oui ! Si Mélinoa, comme on s'en doute très vite, est un « cheval », possédée par Lieb-Geist, la moins antipathique des Immortels, c'est aussi un être humain vigoureux qui saura reprendre le dessus, dès qu'elle aura compris que les dieux ne sont finalement qu'humains.
     Hubert mêle avec maestria les images de dévastation de Scènes de guerre civile et les interrogations sur l'identité et la conscience du Champ du rêveur ou de Couple de scorpions pour produire ce qui est sans doute son meilleur roman à ce jour. Et que je n'entende personne me dire qu'il est un auteur difficile !

Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/10/1984 dans Fiction 355
Mise en ligne le : 21/5/2005

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Association Infini : Infini (3 - liste francophone) (liste parue en 1998)

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