Né en Californie, il a passé de nombreuses années à Toronto et habite maintenant à Vancouver avec sa femme et son fils. Outre des nouvelles parues dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction et Isaac Asimov's Science Fiction Magazine, il a publié plusieurs romans dont Vice versa, paru chez J'ai lu.
Ce sont trois enfants. Ils font naître des mondes entre leurs doigts, ils savent ouvrir et franchir des portes sur des paysages inconnus. Ils sont les seuls à posséder ce don. Et, au détour de chacune de leurs découvertes, l'Homme en gris surgit, menaçant, souriant. Ami ou ennemi ? A tout hasard ils préfèrent le fuir.
Vingt ans plus tard, il est encore là, il cherche toujours à les attirer, avec ses airs patelins et ses cadeaux minables. Que leur veut-il ? Karen a peur de lui, surtout depuis que son fils s'est révélé doué lui aussi dans l'art de traverser les mondes...
Et là-bas il y a la guerre, Rome contre l'Islam. Là-bas, les cardinaux traitent avec ces hérétiques d'Américains qui leur fabriquent des armes humaines. Là-bas ils guettent avec impatience le retour de celui qui va leur apporter la puissance suprême...
Karen est une femme au bord de la crise de nerfs. Lorsque son mari la quitte, l'existence ordinaire où elle croyait s'être réfugiée vole en éclats et le passé ressurgit, brutal, par le truchement de son fils, Michael, qui lui aussi possède un talent maudit.Tout comme elle, tout comme son frère disparu, Tim, et aussi sa sœur, Laura, laquelle a choisi une voie moyenne et vit dans une Californie parallèle, où les Beatles sont de parfaits inconnus et où la TV retransmet en direct les funérailles de JFK qui vient de mourir de mort naturelle, à un âge avancé. Car d'autres mondes existent. Toutes ces années, à l'opposé de Tim, soupçonné d'avoir succombé à la tentation et répondu à l'invitation au voyage, Karen s'est ingéniée à refouler des souvenirs qui n'ont désormais pas plus de consistance que l'ombre d'un cauchemar.
Au point d'éteindre le don en elle. Willis Fauve, terrorisé par le pouvoir de ses trois enfants, leur avait inculqué le chemin de la dénégation et de la fuite, à coups de poing. Fuir éternellement la menace maléfique incarnée par un homme au chapeau et au costume gris, d'aspect diabolique, qui semblait vouloir les attirer hors du monde, par une porte étroite menant à un univers froid et sinistre, parfaitement étranger et pourtant si familier. Karen avait retenu la leçon paternelle. Mais il lui faut à présent protéger son fils, plus enclin à suivre les traces de son oncle disparu. Alors fuir encore... ou bien se retourner sur le passé. L'affronter ? Renouer les fils, pour comprendre. Rejoindre Laura puis rechercher Tim. Faire face à l'inquiétant messager vêtu de gris. Renouer avec Jeanne et Willis Fauve. Percer des secrets de famille qui donneraient enfin un sens au pouvoir si particulier de voyager entre les mondes, à ce mélange subtil d'attirance et de répulsion qu'il procure. Regarder en face les fantômes. Comme l'écrivait Philippe Curval, l'humain est chez Wilson le sel de la science-fiction. La profondeur psychologique qu'il parvient à insuffler à ses personnages est un prodige pétri de simplicité, dénué d'artifice. Mais cette force de Wilson n'est pas son seul atout. Comme toujours dans ses œuvres, il parvient à faire sien un thème classique en l'abordant sous un angle inédit — ici la recherche de l'identité — et transcender une réalité où l'humain cherche sa place.
Jonas LENN Première parution : 1/6/2005 dans Galaxies 37 Mise en ligne le : 24/1/2009