Il semblait que certains corps avaient bougé après qu'on les eut jetés dans ce caveau et le lieutenant imagina les carcasses brûlées, mais encore vivantes, rampant vers la porte, tendant des mains aux doigts décharnés, dépourvus de chairs, laissant sur le sol de grands lambeaux de peau calcinée.

     Nécrorian se sert comme cadre de son livre d'un épisode tragique de l'Histoire de l'Eglise : l'Inquisition. En fait, l'Inquisition ne sert ici que de prétexte pour établir un parallèle avec une autre forme d'inquisition, beaucoup plus récente et plus meurtrière celle-là. Il s'agit de la guerre du Viêt-Nam et de ses atrocités. Nécrorian nous avait déjà habitué à ce thème dans « Impacts » où il décrivait la folie d'anciens soldats revenus du Viêt-Nam. Le traumatisme de la guerre constitue une fois de plus la toile de fond de ce récit dans lequel deux fous, encore une fois d'anciens militaires, vont réactualiser l'Inquisition, ou du moins quelque forme moderne qui y ressemble.

     Pour une fois, Nécrorian nous propose un livre qui contient une histoire intéressante et rompt avec ses scènes de carnage habituelle. L'idée de ce fou qui menace les gens avec un lance-flammes est absolument démente et donne une idée des traumatismes que la guerre peut laisser dans l'esprit de ceux qui l'ont faite. Surtout la guerre du Viêt-Nam et les conditions de vie des soldats américains, abandonnés dans la fange, à des milliers de kilomètres de chez eux. De quoi devenir fou...

     S'il est un livre de Nécrorian qu'il faut lire, c'est bien celui-là, sans doute le meilleur de sa production. Espérons qu'il continuera dans cette voie car le sang, à la longue, cela finit par lasser.