DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 347 Dépôt légal : octobre 1982 Première édition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 7 ISBN : 2-207-30347-0 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Qui n'a pas rêvé de retourner un jour au pays natal et qu'est-ce que ce pays sinon le ventre de la mère ?
Et que ferais-tu, ô lecteur, si celle-ci te revenait d'entre les morts, jeune, belle et à ta merci, échappant aux inhibitions et aux interdits ?
Le thème de l'inceste, traité tantôt avec une audace et un humour iconoclastes, tantôt avec une mélancolie glacée qui débouche sur le fantastique et l'épouvante, est au coeur de ce recueil, kaléidoscope où l'univers de Walter Tevis se brise, se fragmente et se reconstitue sans cesse, étincelant, obscur, effrayant.
12 - Le Disciple du maître (The Scholar's Disciple, 1969), pages 199 à 209, nouvelle, trad. Michel LEDERER
Inédit.
13 - Loin du pays natal (Far from Home, 1958), pages 211 à 215, nouvelle, trad. Michel LEDERER
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Fiction n° 120 (OPTA, 1963) sous le titre La Baleine dans la piscine
Critiques
Qu'est-ce qui différencie un auteur des années 50 et un auteur des années 80 ? Le retour des espaces galactiques vers la chambre à coucher, l'apparitjon du sexe, la plongée dans les gouffres mentaux qui remplacent, à moins que ce ne soit les mêmes, les gouffres de l'espace.
Il est donc très curieux de trouver au sommaire d'un même volume, et sous la plume d'un même auteur, des histoires style « Galaxy années 50 » et d'autres résolument dans le ton de la décennie. Une gageure donc, que Tevis a tenue jusqu'au bout, tant la réussite est grande d'un côté du temps comme de l'autre, tant l'unicité profonde de l'inspiration supprime tout hiatus.
Un exemple « années 50 » ? Un savant un peu fou invente un artefact cubique percé d'un trou, à l'intérieur duquel il voit une boule brumeuse et bleutée. De cette boule jaillit une gerbe de piquants qui lui perforent la prunelle. Furieux, il prend un tisonnier, l'enfonce dans le trou et pilonne la boule. Quelques jours plus tard, un oeil gigantesque apparaît dans le ciel de la Terre... (Le cric du crac).
Un exemple « années 80 » ? Le narrateur reçoit la visite de son père et de sa mère — morts tous deux depuis dix ans. La mère explique au fils surpris que l'éternité permet des retours sur Terre, et même des changements d'apparence. Sous ses yeux, la femme redevient telle qu'elle était à vingt ans et, pendant que le vieux père fantôme attend dans le salon, le fils incestueux fait l'amour avec sa mère rajeunie... (La visite d'une mère).
On voit bien ce qui unit les deux récits, si dissemblables à première vue : le côté cyclique des événements racontés, cette façon d'amener le temps à se mordre la queue, que ce soit par le biais de la quatrième dimension ou des fantasmes d'un homme mûr. On pourrait citer aussi, vue des fifties, La brique en or(des militaires dégagent l'axe de la Terre, qui finit par tomber vers le soleil) ou, vue d'aujourd'hui, l'admirable Echos(publié dans Fiction n° 318), où la matrice d'un homme cryogéné est replacée à la fois dans un corps masculin et dans un corps féminin...
Des expériences donc, qui entraînent un catapultage de l'espace et du temps, ceux-ci se contractant à l'époque contemporaine, pour se trouver enclos dans un esprit — celui-ci contenant l'univers. Treize textes, d'autant plus admirables que l'économie de moyen n'a d'égale que la manière percutante dont chaque récit évolue et se clôt. La « manière américaine », sans doute, que l'auteur de L'arnaqueur, de L'homme tombé du cielet de L'oiseau d'Amériquepossède au degré suprême dans ces histoires courtes dont, colonisation pour colonisation, beaucoup d'écrivains français pourraient s'inspirer.