DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 420 Dépôt légal : avril 1986, Achevé d'imprimer : avril 1986 Première édition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-207-30420-5 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Nos yeux créent-ils le réel
ou le réel a-t-il ouvert nos yeux ?
Cette formidable partie de cache-cache
entre nous et la réalité
fait l’enjeu de ce précis d’invisibilité
en trois leçons. VOYAGER est une solution :
ce Terrien parviendra-t-il à démêler
le vrai du faux quand son seul indice est une île
dont les habitants savent bomber
une illusion de plage sur un port croupissant ?
MUTER en est une autre :
est-ce un moyen de conquérir l’immortalité,
ou de gommer sa vie ?
Enfin il est possible de :
BANANER un trou dans le continuum espace-temps.
Mais alors, gare aux Grands Anciens
ou au “profiteur de campagne” qui peuvent en tomber.
Ce qui, comme chacun sait,
produit des soldats grecs.
Ou bien Curval se shoote au gaz de ville,
ou bien il a une banane dans l’oreille...
Comment expliquer autrement
une science-fiction si différente ?
L'auteur :
Philippe Curval est l’un des principaux
créateurs de la science-fiction en France.
Journaliste, critique, anthologiste,
son œuvre compte aujourd’hui une cinquantaine de nouvelles
et une vingtaine de romans traduits dans le monde entier.
1 - Profil grec après l'incendie du Panthéon, pages 11 à 64, nouvelle 2 - Murs bombés dans la fièvre, pages 67 à 161, nouvelle 3 - Massacre chez les époux Rotcow, pages 165 à 212, nouvelle
Critiques
Le thème de l'homme invisible plonge ses racines dans le fantastique de toujours. Mais le problème de l'homme invisible, c'est de ne plus se voir lui-même — du moins pour la S.F. française ! Et Curval de transformer ce recueil en trois aspects de la quête de l'identité. Trois leçons, trois textes longs qu'on croirait presque des romans en germe. Commençons par la fin : Massacre chez les époux Roscow, en un sens le moins aventureux : Curval faisant du Sheckley. L'invention de Roscow, c'est le film continu de la vie personnelle, pour laquelle un monde entier s'engoue. Texte conté en flash-backs, bien entendu. Profil grec sur fond d'incendie du Panthéon est beaucoup plus fou et guère plus long ; on y retrouve Curval expérimentateur, assez dur à lire au début, et jouant avec les événements, qui tournent autour de ce mal absolu que représentent les phalanges de marcheurs identiques, formés en carré, conséquence presque obligatoire du défaut d'identité de J.B. Dispaw, prédestiné à « disparaître » et à prendre le visage d'un autre ! La référence à Sheckley est ici explicite, et joueuse : c'est beaucoup plus réussi.
Le cœur du livre est un court roman qui reprend les schémas curvaliens : exotisme et voyageur solitaire, et l'utopie anarchique qui s'en dégage, faite de négation systématique de la réalité (et là encore de l'identité). Yamanote est un enquêteur galactique, qui doit à contrecœur amener à la conformité les cultures déviantes, indigènes. La rencontre avec l'« ennemi » lui prendra un certain temps, sera forcément ambiguë — et se fera dans le vin, on retrouve bien là Curval !
Sans se hisser au niveau de ses grands romans, ce recueil est largement supérieur au précédent de Curval, bien inégal.