Christian Vilà est un des rares survivants de la déferlante de la SF française politique des années 70. Son nom reste attaché à ceux de
Joël Houssin — pour une anthologie remarquée :
Banlieues rouges (1976) — et de
Jean-Pierre Hubert pour
Noël noir, un polar politique signé
Jean-Christian Viluber, dans une collection intitulée « Sanguine » — déjà tout un programme ! On lui doit aussi un roman trash avant l'heure :
Sang futur (1977) et quelques nouvelles. La vague formaliste des années 80 (le tout littéraire) puis le retour à l'ordre moral de la narration narrative et du science-fictivement correct des années 90 (le rien littéraire) a laissé Vilà sur la touche. Ou plutôt sur un strapontin. Car si l'homme n'est plus considéré depuis longtemps comme faisant partie de la famille SF française, un milieu où il est de bon ton d'avoir la mémoire courte, il a continué de publier des romans noirs, du fantastique, un essai sur Burroughs... et a entrepris — comme pas mal d'autres — une reconversion en direction de la télévision.
L'arrivée de
Daniel Riche au Fleuve Noir et la création de sa collection «
Aventures et Mystères » ont contribué à remettre Christian Vilà en selle, grâce à sa série
Agence DO. Le premier opus —
La Mafia des os (1995) — introduit le personnage de Gaël Desmonts, un Indiana Jones français et contemporain, ancien champion olympique. Excellente variation sur la cryptozoologie cuisinée à la sauce politique,
La Mafia des os n'a pas eu, en son temps, la couverture critique qu'il méritait. Deux titres ont suivi :
La Montagne de Noé (1995) puis
L'Odeur de l'or (1997), cette fois dans la veine de l'archéologie fantastique — la série passant dans la collection « SF Mystère » après le sabordage de « Aventures et Mystères ».
Les récents remaniements au Fleuve Noir — entre autre l'arrêt de « SF Mystère » et le départ de Daniel Riche — compromettent l'avenir de la série Agence DO. Dommage, car le dernier volume paru,
X (1998), est un excellent exemple de SF populaire de qualité, mêlant action, ufologie et politique. En somme tout comme chez
Jimmy Guieu — mais exactement à l'inverse : les gentils sont les Arabes. Si vous habitez dans le Var, vous aurez peut-être des difficultés à trouver les enquêtes de l'ami Desmonts (prononcez « Démon ») dans vos bibliothèques municipales. Il peut être utile de préciser que le X en question fait davantage référence aux enquêtes des
X-Files qu'aux mutants des X-Men.
Une seule remarque : l'explication finale présentée comme originale par le héros/narrateur, avait déjà été avancée par
Jacques Bergier, il y a plus d'un quart de siècle...