Depuis l'heureux dénouement de l'épopée vécue par le mythique Raldnor dans Le Seigneur des Tempêtes (CLA n° 86, ed Opta), vingt-six années se sont écoulées, dans une atmosphère de paix relative. Si les rois ont changé, les choses, elles, ont peu évolué. Ainsi, au cours de cette longue trêve, jamais les antagonismes entre les peuples n'ont faibli. Au contraire...
Et voilà que la guerre, à nouveau, menace. Le conflit est redouté. On se souvient du passé. Mais Raldnor, le héros, n'est plus là pour sauver le monde une seconde fois. Il a laissé derrière lui trois enfants dont on ne connaît que Raldanash, Seigneur des Tempêtes, Roi de Dorthar. Qui sont les deux autres ? Personne ne le sait. De même que personne ne sait qui pourra arrêter les belliqueuses galères de la Libre Zakoris dont l'emblème est un léopard noir. Déjà, le félin s'apprête à bondir de tous côtés...
Sans doute n'y a-t-il aucune originalité dans cette œuvre flamboyante. Que retrouve-t-on sinon le décor banalisé du mythe le plus pur, avec son cortège de rois, de princes, dieux, guerres, tours de magie, entrefilets mythologiques et autres « héroïc-fantaseries » ? Tous les clichés sont là, tous les poncifs, comme des repères, comme des pancartes. Mais tout cela vit. Tout cela bouge, saigne, respire et meurt, avant de renaître comme si l'agonie n'était pas autre chose qu'un rite nécessaire. Cette aventure génère d'éclaboussantes gerbes de plaisir qu'il serait dommage de négliger.
Excepté la première partie qui, à cause d'une froideur persistante et de l'aspect flou des personnages, n'inspire qu'un intérêt poli, le livre bat à l'image d'un cœur excité, sans tomber ni dans la niaiserie, ni dans la caricature.
Tanith Lee ne fait pas du neuf avec du vieux. Elle se contente d'aider le vieillard à vivre, avec amour et sans artifice médical. Et, ma foi, la vieille Madame Héroïc-Fantasy, en dépit de son arthrite, danse ! Comme une flamme...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/9/1985 dans Fiction 366
Mise en ligne le : 16/3/2005