Bard Di Asturien, neveu nedesto (illégitime) du roi d'Asturias, est le chef de guerre de ce petit royaume. Malgré sa jeunesse, c'est un excellent militaire, ce qui lui vaut d'être fiancé à Carlina, la fille du roi. Tout semble aller pour le mieux, quand Bard commet une grave erreur : trop pressé de prendre possession d'une fiancée qui ne se sent pas prête pour cette union, il se heurte à son futur beau-frère, qui défend l'honneur de sa sœur, et à son propre frère adoptif, Jéremy Hastur. Dans la bagarre, il estropie ce dernier. Bard est alors banni et devient un chef mercenaire, le loup de Kilghard.
Au bout de sept ans, à la mort de son oncle, Bard revient, toujours aussi violent et bien décidé à reprendre son rang et sa fiancée. Il est aidé en cela par son double génétique, le terrien Paul Harrel, transporté sur Ténébreuse grâce aux pouvoirs du laran.
Le Loup de Kilghard se situe pendant la période dite « des cent royaumes ». Ténébreuse est émiettée en petites principautés qui se font la guerre avec les armes conventionnelles, mais aussi avec l'arsenal que procure le laran. Des produits mortels comme le feuglu, qui brûle sans que rien ne puisse l'éteindre, sont d'usage courant malgré la terreur qu'ils inspirent. Un mouvement cherche à les faire disparaître, par un Pacte interdisant l'usage d'armes qui tuent à distance.
Cet environnement est particulièrement bien décrit, sans pesantes explications géopolitiques. Le récit est entièrement construit autour de Bard, personnage très complexe de bâtard qui poursuit désespérément une reconnaissance sociale qu'il pense trouver en devenant le gendre du roi. C'est aussi l'histoire d'une rédemption, celle d'un être violent et tourmenté qui trouve l'amour, mais en paye le prix fort.
La confrontation entre un homme et son double est très intéressante et relativement bien menée. C'est l'un des intérêts majeurs de ce roman. Il est toutefois dommage que Paul Harrel n'arrive que dans la deuxième partie du livre, et que cette idée, qui aurait mérité de former le fondement du récit, ne soit pas aussi complètement exploitée qu'elle aurait pu l'être.
Ne boudons pas notre plaisir pour autant. Le Loup de Kilghard est un excellent roman, avec des personnages et une intrigue crédibles. C'est sans aucun doute l'un des meilleurs du cycle de Ténébreuse.
Samuel LE GOFF
Première parution : 2/3/2005 nooSFere