Bill, jeune paysan natif d'une planète agricole, drogué lors d'une parade militaire, se retrouve enrôlé dans les troupes galactiques qui combattent aux confins de l'Empire les immondes schlingos, des sauriens de deux mètres de haut résolus à effacer l'espèce humaine de la carte de l'univers. À peine a-t-il le temps de découvrir les joies douteuses de la formation des jeunes recrues, qu'il part au combat.

   Emporté dans l'action il devient par erreur un héros, se rend dans la capitale de l'Empire pour être décoré, est pris pour un espion, et doit s'enfuir dans les bas-fonds de la cité impériale. Après un bref séjour dans le service d'élimination des ordures, il se trouve pris dans un complot révolutionnaire, accusé de désertion, envoyé au bagne puis de nouveau au front, sur une planète marécageuse particulièrement répugnante : sa carrière militaire ne fait que commencer...

 

   Harry Harrison a été découvert tardivement en France, avec la sortie du film Soleil vert, inspiré d'un de ses romans (publié aux Presses de la Cité en 1974). Sept de ses romans ont déjà été publiés en France, dont Le monde de la mort, Ratinox, Ratinox se venge, etc. Réponse féroce à une certaine science-fiction volontiers militariste, Bill, le héros galactique est considéré outre-Atlantique comme un classique.

     Saluons la naissance d'une nouvelle collection de FICTION, événement rare par les durs temps qui courent, d'autant qu'elle est triumvirée par Andrevon, Duvic et Douay : un label de compétence. Bill le Héros Galactique est le dixième roman (ou recueil) de Harrison à paraître en France. Il est traduit la même année que son Livre d'Or chez Presses Pocket, ce qui permet de la replacer dans une production qui a surtout été connue grâce à Soleil vert et au film qu'on en a tiré. Ce texte est daté : il a été écrit en 1965, les USA sont alors en pleine guerre du Vietnam, les campus vont s'enflammer. Dans cette atmosphère, Bill est l'équivalent du Brave Soldat Schweick, civil embringué dans la plus stupide des machineries, la machinerie militaire. Il en montre, parodiée et grossie, dans le cadre du cauchemar réel qu'elle est, la bouffonnerie tragique, l'absurdité sanglante et nauséeuse, mais sur le mode du comique débridé (pensez à Catch 22) Une sorte de Candide dans le cosmos en guerre, mais sans le recul ironique : en plein dedans comme chez Beckett et Harakiri — ou comme souvent chez Brussolo dont certaines outrances géniales sont préfigurées. Ce texte est daté aussi par le modèle qu'il subvertit : Etoiles garde à vous d'Heinlein. On pouvait donc craindre une histoire et un héros. Un peu ringards dans les formes d'antimilitarisme (et parfois on frôle le côté désuet : il s'agit quand même de Vingt ans après). Mais dans son ensemble, ce texte (outre son côté débourrage de crâne) est resté très drôle (affreusement, terriblement drôle). La présentation est belle, ainsi que la maquette de couverture.