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Chaîne autour du soleil

Clifford Donald SIMAK

Titre original : Ring Around the Sun, 1953
Première parution : Galaxy Science Fiction, décembre 1952 à février 1953. En volume : États-Unis, New York : Simon & Schuster, 1953   ISFDB
Traduction de Michel SCIAMA
Illustration de (non mentionné)

HACHETTE / GALLIMARD (Paris, France), coll. Le Rayon fantastique précédent dans la collection n° (38) suivant dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1956, Achevé d'imprimer : janvier 1956
Première édition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 11,8 x 18,3 cm
Genre : Science-Fiction

Éditeur : Gallimard. Le prénom de Simak est mal orthographié (Kurt au lieu de Clifford D.).

Autres éditions
   J'AI LU, 1978, 1984, 1990
   in Les Mines du temps, OMNIBUS, 2004

Quatrième de couverture
Des lames de rasoir inusables, des automobiles éternelles, de merveilleuses maisons préfabriquées — tout cela vendu à des prix incroyablement bas, voilà bien de quoi mettre en danger de mort l'économie mondiale. Il y a aussi des faits bizarres : par exemple des familles entières disparaissent sans laisser de traces.
  Jay Vickers, l'écrivain, réfléchit sur ces problèmes déconcertants. Peu à peu, son enquête va le mener à la vérité : il y a deux catégories d'êtres : les hommes tels qu'ils existent depuis des millénaires, et les « mutants », petite minorité qui représente le stade suivant de l'évolution humaine. L'espèce est à un tournant de son histoire.
  Les mutants ont une faculté extraordinaire, celle de passer, par une simple concentration intellectuelle, de notre planète sur une autre planète absolument identique, une sorte de Terre N° 2 vierge de maisons et de villes, où tout est neuf, et tout à construire. Cette planète se répète elle aussi, et ainsi de suite, à l'infini. Ce n'est pas une seule Terre qui tourne autour du soleil, mais toute une chaîne, offrant aux hommes de merveilleuses possibilités d'expansion et de bonheur.
Critiques

[Critiques des livres suivants :

- Chaîne autour du soleil de Kurt Simak, Gallimard, Rayon Fantastique n° 38

- La flamme noire de Stanley G. Weinbaum, Hachette, Rayon Fantastique n° 36

- Les voleurs de cerveaux de Murray Leinster, Fleuve Noir, Anticipation n° 66

- Les visiteurs de l'an 2.000 de J;H. Juillet, Ed du Grand Damier, Cosmos n° 6

- Rideau Magnétique de B.R. Bruss, Fleuve Noir, Anticipation n° 65

- Feu d'artifice de Pierre Versins, Ed Métal, série 2000 n° 19

- Feu dans le ciel de F. Richard-Bessiere, Fleuve Noir, Anticipation n° 64]

 

    Si jamais ouvrage de SF mérita « trois étoiles », c'est « Chaîne autour du Soleil » (Ring around the Sun), de Kurt Simak (Rayon fantastique, Gallimard), qui nous relate la façon dont les mutants entreprennent la conquête de la Terre pour assurer le bonheur des hommes, éliminer ceux qui sont mauvais. Comment procèdent-ils ? Tout simplement en bouleversant l'économie de la planète, en lançant sur le marché des lames de rasoir et des briquets inusables, des autos éternelles, des maisons extensibles à 175.000 francs la pièce et tout à l'avenant. Bien entendu, le capital international s'émeut et, après une intense campagne de haine, lance les hommes contre les mutants. Mais ceux-ci ont plus d'une corde à leur arc, à commencer par la possibilité de se réfugier sur l'une des innombrables Terres coexistantes, tout en y faisant passer les humains qui en ont assez de notre globe. Sous couvert d'A.S., Simak a écrit en fait un roman social du plus haut intérêt, basé sur une étude serrée et logique de l'économie politique, un roman à ne manquer sous aucun prétexte (*). 

    C'est à sir Walter Scott que m'a fait penser « La flamme noire » (The black dame), de Stanley G. Welnbaum (Rayon fantastique-Hachette), car l'auteur nous y décrit les seconds Moyen Âge et Renaissance que connaît l'Humanité, éprouvée à la fin du XXe siècle par une guerre atomique et bactériologique. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, « Flamme noire » n'est pas le nom donné à une arme nouvelle, mais celui dont les humains, superstitieux, ont baptisé La princesse Margot, sœur du nouveau maître du monde, Joaquin Smith. Tous deux ont acquis l'immortalité grâce à l'invention d'un illustre savant, mais alors que Smith ne pense qu'à assurer (par des moyens parfois discutables) le bonheur des hommes, Margot, elle, bien que cruelle et débauchée, recherche avant tout le véritable amour. Des deux hommes qui l'intéressent, le premier disparaît, mais l'autre, rescapé de la chaise électrique, réussit à triompher de cette femme, synthèse de Sémiramis, de Marguerite de Bourgogne et de « She ». S'il est une chose que l'on ne puisse reprocher à l'auteur, c'est le manque d'imagination. Son roman ne cesse à aucun moment d'être intéressant ; néanmoins, ce n'est qu'un bon feuilleton d'A.S., et je ne pense pas qu'il faille y rechercher des intentions cachées. 

    J'ai bien aimé « Les voleurs de cerveaux » (The brain stealers), de Murray Leinster (Fleuve noir) qui, autant qu'un roman de SF, est un « suspense » de qualité. Nous y voyons comment des habitants d'un autre univers (des vampires qui s'intitulent « petits amis ») parviennent à hypnotiser l'humanité pour s'installer sur notre Terre et y vivre en parasites, en se nourrissant du sang de nos semblables. Heureusement, la Providence veille sous les traits d'un savant que le Conseil mondial avait condamné à la détention perpétuelle pour avoir voulu étudier des sciences interdites. Hallucinant jusqu'à vous faire dresser les cheveux sur la tête, voilà un ouvrage que vous ne lâcherez qu'après l'avoir fini !

    J'ai également apprécié « Les visiteurs de l'an 2.000 », de J. H. Juillet (Ed. du Grand Damier), non en raison de son côté SF assez simpliste, mais à cause des sentiments de solidarité inter-humains que l'auteur met en vedette. En bref, c'est l'histoire d'une fusée qui, partie sur la Lune en 1950, revient quarante ans plus lard, alors que le monde se remet d'une troisième guerre mondiale. Cependant, ce n'est pas sur notre satellite que sont allés les savants de la fusée, mais sur une planète que celui-ci nous cache, une planète du nom d'Eryax, où vit une humanité très belle, très sage, très civilisée. Malheureusement, celte humanité parfaite et pacifiste est menacée par les habitants de Murdax (pourquoi diable ceux-ci ont-ils le type asiatique ?) et c'est pour la sauver que les hommes décident d'organiser une expédition de secours, après que le grand savant noir N'Gaoued aura mis à leur disposition son rayon de la mort qu'il tenait jusqu'alors secret, de crainte d'abus. L'auteur nous annonce d'ailleurs une suite sous le titre de : « Le septième ciel ». 

    « Rideau magnétique », de B. R. Bruss (Fleuve noir), fait suite à « La guerre des soucoupes », du même auteur, et nous y assistons à l'échec, qu'on espère cette fois définitif, d'une seconde tentative d'invasion martienne. Le début est assez lent, mais le récit s'anime par la suite et se présente finalement sous l'aspect d'un space opéra ni meilleur ni pire que la plupart des romans de ce genre et dont le manque de profondeur est compensé par une « mise en scène » auprès de laquelle celles de Cecil B. de Mille paraissent économiquement faibles.

    C'est en lisant des ouvrages d'Emmanuel Velikovsky que Pierre Versins a eu l'idée de son « Feu d'artifice » (Série 2000, Ed. Métal). J'avais signalé, lors de la parution de son « Les étoiles ne s'en foutent pas », que l'auteur aimait le canular. C'est aussi un peu le cas de « Feu d'artifice », où des scènes intéressantes en côtoient d'autres assez faciles. (Avant la guerre, Jacques Spitz, qu'on ne lit guère plus, hélas ! avait aussi parfois tendance à ce genre d'humour capable de détruire l'équilibre d'un excellent SF) Le thème de l'ouvrage est le suivant : toutes les planètes du système solaire proviennent de Jupiter qui les « expulse » de son sein à des intervalles allant en progression décroissante, donc de plus en plus rapprochés. Des Terriens d'il y a 54 millions d'années, à la civilisation avancée et désireux d'assister à ces « expulsions » successives, se « réveillent » à chacune d'elles, à l'issue d'une hibernation prolongée. Un tel phénomène se produit vers l'an 2050 et les « revenants » en profilent pour contacter des savants français ; l'un de ces derniers, amoureux d'une de nos belles ancêtres, décidera de partager son sort et de voir, un jour, la fin du monde, le « feu d'artifice » final. On pensera ce que l'on veut des théories de Velikovsky adaptées par Pierre Versins, mais son roman est toujours distrayant, malgré les petites réserves ci-dessus. 

    Il est également question de la fin du monde dans « Feu dans le ciel » (Fleuve noir), de F. Richard-Bessière ; mais l'auteur laisse un petit espoir de survie à l'humanité, un petit groupe de savants réussissant à se réfugier dans une cité sous-marine, bâtie au plus profond du Pacifique. Nous apprenons par la même occasion que pareil cataclysme n'est pas le premier, mais que nos ancêtres, supérieurement évolués, avaient pu atteindre une autre planète, s'y installer et y fonder une civilisation avancée. Ce space opéra est assez déprimant, mais il est intelligemment écrit et se lit avec facilité.

    (*) N.D.L.R. – Nous signalons à nos lecteurs que le mystérieux « Kurt Simak » dont le nom figure sur ce volume est bien, malgré les apparences, le grand Clifford D. Simak, auteur de « Demain, les chiens » et de notre nouvelle « Spectacle d'ombres (n° 22). Et nous précisons qu'il s'agit là, non d'un pseudonyme, mais d'une regrettable coquille due à l'éditeur. Sans doute, par confusion avec le nom de Curd Siodmak, auteur du roman « Le cerveau du nabab », mais qui n'a rien de commun avec son presque homonyme ! 

Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/4/1956 dans Fiction 29
Mise en ligne le : 21/4/2025

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (1970 - 1984, 1ère série) (2001)

          Ce roman de Simak est à la fois un peu en marge de sa production habituelle par sa thématique et bien dans sa lignée par son atmosphère généreuse. Il comprend deux récits en surimpression.
          L'une de ces histoires est l'élaboration d'un background particulier : une société à peine future voit ses systèmes politique, économique et sociétal s'effondrer sous la poussée inexorable de forces inconnues (mais généralement plus que bienfaitrices dans, disons, le recentrage majeur qu'elles provoquent). Celles-ci bouleversent le fonctionnement du monde moderne et les notions traditionnelles de concurrence et d'économie de marché en produisant des biens de consommation révolutionnaires dans leurs effets sur la vie de tous les jours à des prix si follement bas qu'ils entraînent l'effondrement de l'industrie et du capitalisme traditionnels. Et le chômage aussi, bien sûr, mais non la misère et la famine, car ces forces, en l'espèce une « compagnie fantôme » qui déstabilise le commerce, dynamite les règles admises et abdique au moins en apparence toute notion de profit, nourrit, loge et habille ceux qui seraient, sinon, plongés dans l'indigence par la « crise » déclenchée. Et cela, toujours, de façon presque gratuite et, semble-t-il, désintéressée.
          Rêve d'anarchie appliquée, utopie admirable ? Voire. Tout n'est certes pas si simple, quoique parfois très sympathique. Il n'empêche, voici donc, événement assez exceptionnel, que Simak réfléchit à contre-courant des idées reçues et, lâchant quelques propositions sur l'économie ultra-libérale et la société qu'elle entraîne presque nécessairement, avance quelques remèdes, ainsi que quelques réflexions fort saines, me semble-t-il. Surtout pour aujourd'hui, en un temps où les résurgences inquiétantes de l'Hydre du capitalisme sauvage sont plus évidentes que jamais un peu partout, sous le couvert rassurant d'un faux libéralisme trompeur.
          L'autre histoire est celle de Jay Vickers, qui évolue dans ce décor et cet environnement (quitte à planer au-dessus d'eux en certaines occasions). Écrivain, il est à la recherche de son passé (comme si souvent les êtres le sont chez Simak), de son identité, de la justification de son existence, et surtout d'un univers merveilleux entrevu durant son enfance (celui de l'enfance, peut-être, justement ?) grâce à un jouet aimé. Accessoirement, presque involontairement, cette recherche le conduira à rencontrer ceux qui bouleversent l'ordre établi, économique et social qui semblait immuable. On pourrait les appeler ici les « ingénieurs du cosmos », par facétie littéraire, mais ce sont en fait les « ingénieurs » et accoucheurs d'une société, d'une âme humaine nouvelles... et sans doute meilleures, se prend-on à espérer.
          D'accord, Simak ne donne pas là un chef d'œuvre incontestable pour la complexité et les labyrinthes de l'intrigue, ni un de ses tout meilleurs livres pour l'étude des personnages et cet étrange sentiment de familiarité dans l'émerveillement qu'il sait nous faire éprouver devant l'Autre comme dans Au carrefour des étoiles et Demain les chiens. Néanmoins, l'audace des idées, surtout à l'époque et dans le genre, et la manière subtile et variée dont il les amène et les développe (ici, contrairement à bien des utopies, il n'est pas question de régler les problèmes sans consulter les gens concernés), laissent encore aujourd'hui admiratif. Parmi les concepts semés presque au fil de la plume, on trouve même une préfiguration (la première ?) des jeux de rôles et de la réalité virtuelle, avec ces clubs d'« irréalistes » attachés à vivre dans ses moindres détails une époque révolue... Et que dire de la façon dont il traite le thème rebattu de la quête d'identité du protagoniste, sur un mode apaisé, presque souriant (loin, très loin de l'angoisse obscure d'un van Vogt et de la paranoïa ontologique d'un Dick), et selon une démarche alliant une robuste curiosité au désir de connaissance, de compréhension ? Le mystère, qui intrigue, ravit, stimule le personnage, ne l'effraie donc nullement.
          Au cours de cette élucidation du monde et de soi, vécue dans l'émerveillement et l'humilité face à l'univers et à ses myriades d'habitants, humains ou pas, tant les plus proches que les plus lointains ou « différents », de cette ode à la fraternité, à la compassion et à la compréhension dans l'altérité partagée, naît une poésie tranquille, célébrant l'amour de l'Homme, de l'Autre, de la Nature, mais aussi de la Science (rimant ici avec Conscience, bien sûr) et de la Connaissance au sens large. Une poésie qui éclate en une pyrotechnie lente aux couleurs automnales, laquelle dépeint un tableau calme, serein, et ceci sans faiblesse, sans mièvrerie, ni nombrilisme, ni conservatisme. Une poésie portée par des personnages attachants, une fois encore, et comme si souvent chez l'auteur.
          C'est là le roman, presque provoquant par endroits, d'un superbe conteur. Simak est l'ami, l'oncle, le sage grand-père fin connaisseur d'histoires passionnantes dont nous avons tous, un jour, recherché la compagnie. Chez lui, la mémoire n'est pas immobilisme ou ressassement, mais un refuge temporaire, confortable, nostalgique parfois, qui jette sur l'avenir un lumière dynamique dont les couleurs peuvent être celles d'une toupie d'enfant. Le passé éclaire le futur pour parfaire le présent, et la chaîne s'enroule autour du soleil.
(avec le concours de Roland C. Wagner
et Pierre-Paul Durastanti)

René BEAULIEU
Première parution : 1/4/2001
dans Bifrost 22
Mise en ligne le : 5/9/2003

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