DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 416 Dépôt légal : février 1986 Première édition Roman, 320 pages, catégorie / prix : 8 ISBN : 2-207-30416-7 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Je m'appelle Divine Endurance. Je suis une chatte. Intelligente, indépendante, élégante. Pour avoir mon affection, il faut la mériter. Mais dans ce grand palais désert, je me sens bien seule. Alors j'ai décidé Lu à partir à la recherche de son frère jumeau. A la recherche aussi de nos créateurs. Notre rôle, après tout, c'est de faire leur bonheur. Et pour cela, nous avons le pouvoir d'exaucer leurs désirs. Ça devrait être simple. Mais qu'est-ce que c'est compliqué quand on a l'esprit aussi tortueux que ces pauvres humains...
L'auteur :
Gwyneth Jones est née à Manchester en 1952.
Elle habite actuellement à Brighton mais a vécu et voyagé dans le Sud-Est asiatique.
Divine Endurance est son premier roman traduit en français.
Critiques
Divine Endurance est chatte... jusqu'au bout des griffes. Lu est une petite fille innocente... Toutes deux décident de se rendre dans le sud, à la recherche du frère jumeau de Lu, et des humains qui les ont abandonnées. La marche est longue depuis le palais abandonné au bord d'un désert vitrifié, où Lu est née, jusqu'à la Péninsule, où vivent les hommes, mais la chatte et la petite fille sont infatigables ! Elles n'ont qu'un désir : rendre les humains heureux. C'est pour cela qu 'elles ont été conçues, après tout...
Seulement voilà, comment rendre heureux des gens aussi compliqués que ces humains, empêtrés dans leurs problèmes, au sein d'une étrange société, moribonde ? La Péninsule est soumise à la double autorité des agents des Maîtres (mystérieux conquérants qui ne sortent jamais de leurs splendides îles artificielles) et des Dapurs (les harems totalement clos d'où les femmes décident en silence de la vie et de la mort). Elle est aussi divisée entre diverses factions révolutionnaires, issues du peuple ou des anciennes familles nobles. Ce monde semble au bord du gouffre, d'une totale fragilité : c'est peut-être la fin de l'humanité qui se déroule ici...
L'écriture de Gwyneth Jones, un nouveau talent féminin venue d'Angleterre, n'est qu'allusive, tout y est en demi-teinte. Au lecteur donc de comprendre et découvrir peu à peu cette étrange société, et d'y reconnaître peut-être les vestiges du passé (restes de technologie, société indo-aryenne, péninsule malaise, mythes bouddhistes, etc...). Ce flou artistique est d'ailleurs gênant par endroit, la situation n'étant pas toujours très claire. Mais ce n'est qu'un reproche minime à faire à une œuvre de grande qualité, ambitieuse et d'une sophistication de point de vue que l'on n'observe que trop rarement dans nos domaines de l'imaginaire. La démarche de Divine Endurance est originale, ses personnages et son cadre aussi. À une SF post-cataclysmique dépeinte avec délicatesse s'ajoutent quelques éléments de la fantasy, à un roman d'aventure prenant s'ajoute une réflexion profonde sur la société, l'enfermement, le sens de l'histoire. Gwyneth Jones a bâti une œuvre douce et amère, pleine d'ironie, de tendresse et de lumière. Une réussite dans des tons discrets mais admirablement convaincants.