Super-Concorde traverse les continents dans le temps relatif que met le métropolitain de la capitale européenne à joindre deux stations terminales.

     Les peuples vivent, souffrent, se battent, meurent.

     La Science continue à préparer ce qu'elle appelle l'avenir, sans tenir compte d'ailleurs des aspirations réelles de ceux qui tentent de fournir une part de bonheur à chacun.

     L'Homme domine la matière, domine sa biosphère, domine l'espace planétaire et bientôt dominera le temps et, qui sait, peut-être la Vie. Rien ne peut arrêter sa marche en avant.

     Rien ?... Las !... Une simple péripétie de la marche impavide du globe terrestre accompagnant l'astre central dans sa course autour du cœur galactique remet tout en cause. A peine la Science soi-disant toute puissante permettra-t-elle de donner un espoir de survie. Encore faudra-t-il le courage et le sacrifice d'une poignée d'êtres pour lesquels vivre n'est pas seulement subsister.

     Comme les récents Inferno, Le crépuscule de Briareus et Les enfants de l'hiver (ouf !), Demain le froid traite de l'établissement sur Terre d'une nouvelle période glaciaire ¹ causée par la traversée d'un champ de poussières cosmiques. Mais dans ce roman (dont la première édition remonte à 1969 : Anticipation 389), Le May ne s'attache que très peu à la catastrophe elle-même (rapidement évoquée dans les toutes dernières pages), au profit de ses prémisses — longues discussions entre savants et politiciens hard-science et politique-fiction adroitement mêlées (on note avec satisfaction une satire virulente des milieux politiques français et, avec plus de chagrin, une attaque sournoise de l'isolationnisme de « l'Empire Maoïste »). Le reproche qu'on peut faire à ce bon Le May, c'est son aspect trop didactique, et la quasi-absence d'action ; il est certes de taille, mais ce côté « compte-rendu d'un événement », voulu, doit être accepté, même s'il déséquilibre quelque peu l'ouvrage.