« - La Voie est là, toute proche, ou si proche. La porte est ouverte au-delà du Styx, en deça du monde. Que s'ouvrent les Cercles ! »
Beaucoup de mystères planent sur cette fin de XIXe siècle tourmentée, exsangue et décadente... Aurélien, par exemple, un peintre symboliste surdoué, met son art au service des Jumelles, une entité arrivée sur Terre il y a 4000 ans. Aujourd'hui, en 1891, le moment est venu pour elles de fusionner avec leurs semblables et de créer un passage vers leur monde grâce à trois tableaux. Mais d'autres êtres étranges, les Selenim, s'y opposent, et Jan Van der Denckell est un spirite trop à même d'éveiller les forces occultes pour leur être complètement étranger...
Occultiste précieux, Erik Wietzel se distingue par la richesse de son style et de son atmosphère gothique.
Son épouvante subtile est dans la lignée d'un Clive Barker. La porte des limbes est son premier roman.
La Porte des Limbes est le premier roman d'Erik Wietzel, aujourd'hui réédité par Mnémos dans une édition revue (définitive ?) par l'auteur.
Passons sur le prix (cent quatre-vingt pages pour dix-huit euros... heureusement que le roman n'en faisait pas quatre cents, si l'on suit cette logique !) pour nous concentrer sur le texte, découvert d'un œil neuf, la version originale n'étant jamais tombée entre mes mains.
Et il apparaît bien vite que La Porte des Limbes vaut avant tout pour son ambiance, plutôt réussie. L'atmosphère invoquée, celle d'un Paris décadent du XIXe siècle, comme le précise la quatrième de couverture (au cas où ça ne nous sauterait pas aux yeux), n'est pas désagréable. Mais l'intrigue n'est guère palpitante, la faute à des chapitres trop courts pour permettre au lecteur de véritablement s'investir dans le récit. Alors, certes, le rythme est de fait soutenu et les choses gagnent nettement en intérêt dans le dernier tiers du roman, porté par des « révélations » attendues mais intrigantes. Toutefois, le roman dans son ensemble demeure par trop bancal et on aurait apprécié que cette édition révisée soit l'occasion d'éviter quelques maladresses stylistiques. Si certaines tournures contribuent sans doute du point de vue de l'auteur à nourrir l'ambiance du livre, ces lourdeurs n'en demeurent pas moins regrettables.
L'un dans l'autre, La Porte des Limbes n'est pas désagréable pour autant. Pour peu que le lecteur réussisse à s'affranchir de la première moitié du roman et en arrive à sa véritable moelle, il en tirera une lecture plaisante quoique vite oubliée. Mais une chose est sûre, on ne pourra pas le taxer de tirer sur la corde.
On se doute bien que les éditions Mnémos ont voulu miser sur une réédition de plus pour minimiser les risques en cette période difficile, Erik Wietzel n'en étant plus, justement, à son premier roman, même s'il n'est pas le plus connu des auteurs français. Un constat qui n'entre en rien dans l'intérêt à porter (ou pas) au roman, un thriller fantastique dans la moyenne que l'on aurait malgré tout plutôt vu en poche, surtout quand l'éditeur vient d'annoncer vouloir se (re)lancer dans ce domaine avec une collection dédiée...