Jack WILLIAMSON Titre original : The Humanoids, 1949 Première parution : Astounding Science Fiction, mars à mai 1948. En volume : Simon & Schuster, 1949 Traduction de Philippe STERNE
LIVRE DE POCHE
(Paris, France), coll. SF (1ère série, 1977-1981) n° 7003 Dépôt légal : 1er trimestre 1977 Réédition Roman, 416 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-253-01557-1 Format : 11,0 x 16,5 cm Genre : Science-Fiction
Couverture : Pierre Faucheux / Dedalus / Vloo Média.
Sur une planète autre que la Terre, un groupe de savants étudient calmement une science nouvelle : la rhodomagnétique, une sorte de physique découverte par le docteur Forester. Jusqu'au jour où une invasion d'humanoïdes vient interrompre toute activité. Car ces humanoïdes n'ont qu'un but : aider l'homme, le protéger du mal, de la tentation, de la souffrance et du péril. Autant dire que très vite l'espèce humaine est conduite à l'inaction, au bannissement de la lutte et de l'effort et presque de l'ennui le plus mortel. Mais Forester ne veut pas abdiquer et, avec l'aide de quelques fanatiques, il décide de redresser la tête et de combattre les envahisseurs. Quand bien même la lutte deviendrait-elle insoutenable.
Succédant aux « Histoires de... » (12 volumes parus, mais 24 autres sous pression), c'est maintenant une série de romans que le Livre de Poche lance sur le marché, en plein dans les gencives de J'ai lu : prix équivalent, tirage aussi, réédition des grands classiques du genre, aucune mention « science-fiction » sur les couvertures (des photomontages plus réussis que ceux des recueils déjà mentionnés). Dans le premier arrivage groupé, un bon Dick un peu dingue de 1966 (oscillation du temps et désagrégation de l'univers), un Silverberg intéressant mais quelque peu fabriqué (un voyageur du futur exacerbe les contradictions du présent), un Hodgson marin pour ceux qui aiment la mer et Hodgson, enfin et surtout un Williamson superbe et métaphorique de 1948 (l'aliénation de l'homme aux machines qu'il a lui-même construites pour le servir) qui, bien que ne valant pas tout à fait la nouvelle fulgurante qui est à sa base (Les bras croisés.Fiction spécial 11), est un de ces classiques de la SF qu'il faut avoir lu si on ne veut pas mourir idiot. Souhaitons donc bonne route à cette nouvelle non-collection, dirigée par Michel Demuth et Jean-Baptiste Baronian, un couple inattendu qui symbolise peut-être, béni par l'archiprêtre Hachette, le mariage secret d'Opta et de Marabout.
Que sont les humanoïdes ? De gentils robots dont l'unique souci est d'assurer le bonheur des hommes, un bonheur parfois insoutenable ? Ou bien des créatures mécaniques qui cherchent à asservir les humains sous couvert de les rendre heureux et de les protéger contre eux-mêmes ?
Le docteur Forester ne se pose pas la question. Pour lui, les humanoïdes constituent une plaie qu'il faut éliminer à tout prix. Loin de servir l'homme à bon escient, ils le privent de la plus grande partie de sa liberté et de son libre arbitre. Il les combattra donc jusqu'au bout et devra pour cela découvrir une arme nouvelle : les forces psychophysiques. Arme à double tranchants parce que leur action ne peut s'orienter que dans un but constructif, nullement destructif. Vous l'avez compris, Forester n'a aucune chance de vaincre les humanoïdes ou de transformer la Prime Directive qui guide tous leurs actes.
Cette réédition nous offre un classique des années 50 (1949 est l'année de sa publication, pour être exact) qui a perdu quelque peu de sa fraîcheur, mais c'est normal. Malgré un début assez laborieux, compte tenu des longues descriptions pseudo-scientifiques sur le Rhodo-magnétisme, le roman aborde finalement un sujet grave d'une façon plaisante. Les révélations expliquant le mystère de l'alliance de certains hommes avec les humanoïdes sont décevantes et le dénouement ne se révèle pas explosif comme il aurait pu l'être.
Les relations entre les robots et les hommes ne sont pas faciles. Parce que les robots présentés ici sont de vrais robots, et les hommes tout simplement des hommes. Quand une machine impose quelque chose à un humain, ce dernier ressent très mal cette intrusion dans sa liberté, encore plus mal que si elle venait d'un autre humain. Allez comprendre quelque chose à ça ; car après tout, ces robots, il a bien fallu qu'un homme les programme...