Né en 1961 en Charente, Jean-Christophe Chaumette poursuit deux carrières, vétérinaire et écrivain. Auteur en 1989 d'un roman policier culte autour du milieu des jeu de rôles (Le jeu, collection Blanche, Fleuve Noir), il a donné en 1997 le Niwaâd, premier Legend de la collection SF. Le neuvième siècle avait été à l'origine publié en six volumes en 1990-91. Son curieux mélange de Fantasy et de Science Fictino, de combats de chevaliers en armures et d'humanité disséminée parmi les étoiles en fait l'un des livres phares de ce que les américains ont baptisé la techno-fantasy, où s'illustrent des auteurs comme Julian May, lointains héritiers de Catherine Moore, Leigh Brackett ou Nathalie Henneberg. Sa réédition en deux tome annonce le début d'un cycle situé dans le même univers.

 

     Les Kreels l'ont trouvé agonisant sur un champ de bataille et l'ont sauvé. Et pour le peuple oublié une seule question compte : qui est réellement l'étranger qu'ils ont recueilli ? Faut-il voir en lui un simple mercenaire blessé, l'être qui doit accomplir leurs anciennes prophéties, ou bien un fauve à face humaine ? Stanley Petersen est-il le requin blanc des légendes, celui que les sages avaient annoncé depuis plus de vingt mille ans ? Mais tandis que l'univers glisse inexorablement vers une conflagration apocalyptique, Stanley est enfin parvenu à libérer son âme des cauchemars qui la tourmentaient. L'enseignement dispensé par les sages du peuple noir l'a fait passer les cercles de la connaissance, maîtriser son corps et son esprit. Il a perdu sa solitude et sa dureté, il a trouvé l'amour. Pourtant, il choisit de quitter ce bonheur. Avec pour seul indice des légendes sans âge, pour seul but des êtres mythiques, et pour seul motif, l'amour d'une femme, il part trouver son destin. Au plus fort d'une guerre interstellaire, alors que partout règne la violence et s'affrontent les races issues de l'homme, il s'engage dans une impossible quête qui ne peut le mener que vers la mort.

     Jean-Christophe Chaumette est un auteur rare. C'est sans doute sa principale qualité. Après un polar-fantastique pas bon du tout (Le jeu, en 1989) et avant une fantasy franchement nulle (Le Niwaâd, l'an dernier, il publia au début des années 90 ce long roman que le Fleuve Noir a jugé utile de rééditer aujourd'hui. Point positif : sa publi­cation sous le label « Legend » plutôt que « Space ». Car, sous ses apparences de space opera, Le Neuvième Cercle est bien un roman de fantasy et de la pire espèce : une heroic fantasy aussi violente qu'imbécile.

     Le cadre créé par Chaumette est tout fait rudimentaire et des plus incohérents : vastes empires guerriers s'étendant sur plusieurs systèmes solaires et voyages supraluminiques d'une part, systèmes éco­nomique et industriel primitifs — les armes sont fabriquées par des artisans forgerons ! — d'autre part. Comme le confirme un coup d'œil sur l'appendice en fin de second volume, l'auteur s'est plus attaché a créer un exotisme de pacotille qu'à mettre en place un univers vraisemblable, sinon original. Qu'importe d'ailleurs, puisque ce cadre a pour unique fonction de justifier les innombrables scènes de batailles qui sont le cœur du roman. Ici, Chaumette s'en donne à cœur joie : on s'éventre avec entrain, on s'étripe gaillardement, on se décapite à qui mieux mieux, on se démembre à longueur de pages, ad nauseum. Dans cette guerre, la diplomatie occupe une place on ne peut plus négligeable, la philosophie des différents belligérants ne dépassant de toute façon pas le stade du « Moi plus fort que toi, toi obéir moi sinon moi casser tête à toi ». Sur plus de 800 pages, cette forme de rhétorique peut lasser jusqu'au plus bruto­phile des lecteurs.

     Lorsqu'elle ne patauge pas dans le sang et les tripes, l'histoire nous raconte le destin de Stanley Peterson, mercenaire cruel et sans pitié, au cœur dur comme la pierre, qui Dieu merci rencontrera l'Amour (avec un A majuscule et un corps de rêve) et deviendra le sauveur de l'humanité. Le tout entrecoupé de pensées profondes sur le sens de la vie, mélange de mysticisme bon marché et de confucianisme de bistrot. De là à dire qu'il n'y a rien à sauver de cette longue saga, il n'y a qu'un pas que je m'em­presse d'ailleurs de franchir.