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La Marche de l'ours

Robert Charles WILSON (2)

Titre original : The Crooked Tree, 1980   ISFDB
Traduction de Brice MATTHIEUSSENT
Illustration de Wojtek SIUDMAK

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy précédent dans la collection n° 5232 suivant dans la collection
Dépôt légal : juin 1986, Achevé d'imprimer : 10 juin 1986
Réédition
Roman, 416 pages, catégorie / prix : 6
ISBN : 2-266-01760-8
Format : 10,7 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
L'arbre crochu a vu arriver les Indiens Ottawas en 1742, et il est toujours là. Quelle solitude ! Quelle joie pour Axel et Janis d'errer dans la forêt, de faire l'amour au bord des lacs... Bien sûr, les ours noirs sont de retour. Ils vous tueraient d'un coup de patte. Mais ils détalent à la vue d'un homme. D'ailleurs, ceux qui les ont vus charger sont-ils encore là pour le dire ? Et quelle est cette femme nue qui, dit-on, court les bois pour mutiler les morts ? Les Ottawas ont bien changé. Le jeune Larry ne croit plus à la marche de l'ours. Le dernier sorcier est mort depuis longtemps, et l'on n'a pas célébré pour lui la Fête des Morts : il serait allé tourmenter les ancêtres au village des âmes, où il aurait attendu tranquillement l'arrivée de ses meurtriers. Mais le massacre recommence, et nul ne connaît plus les rites...
 
Robert C. Wilson, né à Detroit en 1951, est un familier des Grands Lacs et de leurs forêts solitaires. Diplômé de l'Université du Michigan et de la Wayne University, il devint Assistant Attorney du Wayne County (Michigan) à l'époque même où il écrivait La Marche de l'ours. C'est dire que son expérience du crime et de la violence est essentiellement administrative. Voilà pourtant un homme qui, si jeune soit-il, sait de quoi il parle. La Marche de l'ours n'est pas pour autant un roman autobiographique !
Critiques
     Une légende indienne raconte qu'un sorcier mort il y a deux siècles, baptisé Shawonabe, était assez puissant pour pouvoir contrôler l'esprit des ours et celui des humains. Les plantigrades « possédés » se mettaient alors à tuer sauvagement tous les hommes s'aventurant dans les bois. Les Ottawas appelaient ces massacres la marche de l'ours.
     Or, voilà que ces horreurs recommencent. Shawonabe dont l'âme n'a pas été libérée de son enveloppe corporelle reprend le fil de ses abominations là où il les avait interrompues. Pourquoi ? Qu'est-ce qui a pu réveiller le sorcier maudit ?
     Une chose est sûre : il faut envoyer son âme dans le village des étoiles afin qu'elle ne puisse plus nuire aux vivants. Malheureusement, les indiens ont oublié les rites sacrés de la Fête des Morts...
     Ce roman, mené tambour battant, est passionnant de bout en bout. A l'évidence, Wilson connaît bien son sujet. Les indiens Ottawas et la forêt de l'Arbre Crochu où se déroulent les événements ne semblent pas avoir de secret pour lui. Son érudition, loin de perturber le déroulement de l'action ou de le ralentir, l'étaye et te rend crédible.
     Le fantastique de Wilson n'est pas moderne. Il n'a certes rien à voir avec celui d'un Stephen King ou d'un Dennis Etchison. Néanmoins, il se révèle efficace et riche.
     Si vous souhaitez découvrir un aspect différent de l'œuvre de Robert Charles Wilson, reportez-vous au numéro 376 de Fiction qui vient de publier sa nouvelle Haut de Gamme ; un texte où l'ironie a la part belle.

Éric SANVOISIN
Première parution : 1/11/1986 dans Fiction 380
Mise en ligne le : 1/5/2003

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition SEGHERS, Les Fenêtres de la nuit (1981)

 
     Avec ce livre, Wilson a réussi ce que Masterton avait tenté dans ses deux romans d'horreur Le faiseur d'épouvantes et La maison de chair (Le Masque-Fantastique). Puisant dans le folklore des Peaux-Rouges d'Amérique du Nord, il a fait revivre, en les transposant dans un contexte contemporain, les légendes les plus nocturnes des grands espaces du Nouveau Monde.
     Cela dit, et malgré toutes les distinctions qualitatives que l'on pourra faire, les deux œuvres, celle de Wilson et celle de Masterton, se rangent incontestablement dans cette « tradition moderne » du « thriller surnaturel », qui a, semble-t-il, remplacé aux USA, et parfois, en Grande-Bretagne, le roman fantastique psychologique proprement dit. Dans des récits efficaces, bien construits, il ne s'agit souvent de rien d'autre que de remettre au goût du jour et dans l'esprit du best-seller les thèmes les plus usés. On ne citera pour exemple que le très passionnant Salem's lot de Stephen King. D'une banale histoire de vampires poussée jusque dans ses « derniers retranchements », l'auteur de The shining a réussi à faire un nouveau classique de la littérature d'épouvante.
     A la différence de King, de John Saul, d'Ira Levin, de James Herbert ou de Peter Straub, Wilson a choisi de traiter un sujet écologique. Puisque la Grande Forêt est menacée par des spéculateurs immobiliers, puisque les croyances ancestrales des Ottawas semblent se dissoudre peu à peu dans la grisaille de la civilisation des Blancs, quelque chose finit par se casser dans le train-train quotidien. Les ours noirs paisibles et puissants semblent soudain en proie à une véritable folie homicide. Les Vieux disent alors que les plantigrades de la Forêt de l'Arbre Crochu sont soumis à la volonté d'un shaman mort depuis bien des générations, qu'ils ne sont plus réellement des animaux mais les serviteurs d'une puissance mauvaise, qui les anime pour les faire mordre et déchirer.
     Ecologie, shamanisme, magie noire, avec en contrepoint un soupçon d'érotisme (la squaw maudite habitée elle aussi par Shawonabe, le sorcier mort mais toujours présent, est bien séduisante !), voilà un cocktail qui reste bien entêtant tout au long des 380 pages que compte cet épais roman. Roman trouble, roman double (horreur/écologie). La marche de l'ours est un bien beau livre, au panthéisme souvent convaincant. Car, si la construction et l'action respectent strictement, rigoureusement les règles du thriller, l'ouvrage est traversé, soutenu par un tel souffle qu'il en émerge davantage que les poncifs d'un bon roman d'horreur : une sorte de chant sauvage, un hymne aux puissances élémentaires de la nature, celles que rien ne saurait (heureusement) vaincre in fine, celles qui font battre le cœur de l'homme à l'unisson de celui de la Grande Forêt. Un livre que je ne puis que (chaudement) recommander à tous ceux qui, comme moi, pensent que la sève des arbres centenaires est plus épaisse que le sang.

Daniel WALTHER
Première parution : 1/11/1981
dans Fiction 323
Mise en ligne le : 8/3/2009

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