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Fumeterre

Jean MILLEMANN


Illustration de Frank CORRE

IMA MONTIS (Barr, France), coll. Courts Récits Imaginaires suivant dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1994
Première édition
Recueil de nouvelles, 156 pages, catégorie / prix : 70 F
ISBN : 2-910283-04-6
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Livre avec jaquette.

Autres éditions

Sous le titre Dukkha : Fumeterre   MULTIVERS, 2017
Sous le titre Fumeterre 6.2
   TIMELAPSE, 2024

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
[texte de la quatrième de couverture]
 
L'auteur, critique littéraire, nous dépeint un monde dénaturé où les sentiments sont la dernière arme d'hommes pour qui l'espoir et le devenir se résument à un rire cynique. Visions d'horreur inspirées par le monde actuel ou catharsis personnelle ? A chacun d'en juger selon son humeur ou son avenir.
 
"Quand la terre fume, les rêves des derniers aventuriers s'égarent dans les possibles dimensions d'un futur trop noir pour ne pas devenir réel."
Jean Millemann
 

[texte de la quatrième de jaquette]

   "Bang", a fait le flingue. "Boum", a fait le crâne de Jack en heurtant le sol. Deux notes normales dans le concerto pour Imperium et sniper solo, en somme. Je m'appelle Suzy MacGee et je suis Caper, câblée permanente sur le réseau informatique virtuel qui couvre toutes les planètes regroupées de gré et de force dans l'Imperium. Jack aussi était Caper. Mais, vous comprenez, je n'aime pas que l'on utilise mon bureau quand je ne suis pas là. Non pas qu'il s'y trouve un truc genre illicite, mais simplement, je n'aime pas ça. Jack le savait, pourtant. A présent, il a toute l'éternité pour réviser la leçon.
   J'ai déplié ma console et chargé le fichier que ce naze venait de craquer. Fumeterre, cela s'appelait. Ça ne m'a pas interpellée plus que ça. Alors j'ai regardé à la rubrique auteur. Les datas signalaient quelques lignes sur celui qui les avait assemblées.
   Jean Millemann, tel était son nom. Le fichier regroupait principalement des témoignages sur une planète un peu pourave et qui avait l'air de craindre pas mal. J'ai balancé le fichier aux oubliettes. J'ai eu tort. J'allais bientôt me retrouver plongée jusqu'aux oreilles dans les bas-fonds de Fumeterre. Pour le meilleur sûrement pas, pour le pire sans conteste.

Suzy MacGee, Caper au service de l'Imperium.
 

 

 
 
 
 
 
 
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Green hope, trois heures du matin, pages 9 à 17, nouvelle
2 - Scops, pages 19 à 33, nouvelle
3 - Les Anges déchus, pages 35 à 46, nouvelle
4 - Joe, pages 47 à 55, nouvelle
5 - Le Peintre, pages 57 à 67, nouvelle
6 - Les Donneurs, pages 69 à 81, nouvelle
7 - Ailleurs, pages 83 à 90, nouvelle
8 - Suzy McGee, pages 91 à 123, nouvelle
9 - Premier Cri, pages 125 à 138, nouvelle
10 - Catharsis, oh catharsis, pages 139 à 149, nouvelle
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition TIMELAPSE, (2025)

On saura gré aux éditions Timelapse d'avoir pris la peine de rédiger un avertissement là où d'autres, maintenant, multiplieraient des trigger warnings autant pour obéir au diktat de lecteurs prompts à faire la morale que pour se situer dans un paysage éditorial toujours plus fragmenté en cases stéréotypées. Une manie partagée par les majors du streaming vidéo qui affichent un signalement dès que le bout d'une cigarette apparait ou qu'un gros mot est lâché. Introduire le texte, y adjoindre en postface le point de vue de l'auteur puis celui de l'éditrice est tellement plus riche que coller une étiquette, et contribue à montrer le soin mis dans l'objet, aussi bien que l'attention aux textes et aux lectrices et lecteurs.

Pour autant, le livre le nécessitait-il ? Le jugement du lecteur un peu expérimenté qui écrit ces lignes est-il aujourd'hui faussé, ou bien la violence annoncée est-elle réellement si perturbante ? S'il nous immerge sous une charge mentale accablante, nous met au contact de la crasse et de l'insécurité permanente, voire verse parfois dans le body-horror, le texte semble tout de même loin, par exemple, des premiers chapitres particulièrement éprouvants Des racines du mal de Maurice G. Dantec, qui s'introduit dans l'esprit d'un psychopathe tueur (et violeur) en série. Mais ce récit d'une planète qui a subi un effondrement doublé d'une catastrophe environnementale, où les survivants sont des loups les uns pour les autres et passent l'essentiel du temps à se terrer dans des caves pour se droguer a certes un petit quelque chose d'angoissant.

D'autant que Jean Millemann sait nous plonger dans son univers et nous faire boire jusqu'à la lie l'amertume, le désespoir ou la franche horreur. Fumeterre, donc, est une planète des confins soumise à un empire dont on ne voit ici ou là que le bras armé. Ruinée mais toujours livrée à quelques conglomérats qui ont la haute main sur la technologie ou la santé, et qui mêlent les deux, depuis le trafic d'organes jusqu'à la commercialisation de prothèses et d'implants mi-organiques mi-silicés. L'auteur peint tout cela par touches ; un personnage évoqué ici sera pleinement décrit là. Il complète le décor au besoin, au gré de récits qui se répondent : celui d'une ville déliquescente dont les quartiers aux noms évocateurs sont donnés au fur et à mesure (Central Sanitaire, Neutral Point, Red Hot, Deep South, ...). Adossé à elle, l'astroport semble n'être qu'une porte d'entrée vers l'enfer, et jamais une échappatoire. Mais le plus étouffant réside dans la remarquable homogénéité des nouvelles et dans la manière dont les phrases se répètent, s'additionnent, comme si les narrateurs successifs mâchaient et remâchaient leurs mots pour nous faire profondément ressentir le sens qu'ils charrient dans une litanie désolante.

Une deuxième question se pose : fallait-il rééditer ce texte, autrefois paru en 1994 chez un éditeur aujourd'hui défunt ? Oui, simplement parce que la voix de Jean Millemann est singulière. Et parce qu'avec un ton tour à tour désespéré, désabusé, mais aussi narquois ou même malicieux, et malgré la violence qui se cache toujours dans cette réalité à laquelle tous les personnages se cognent, il nous donne à connaître des hommes et des femmes qui vont de l'avant, méritent d'être aimées, dans lesquelles vit tout de même l'optimisme de l'écrivain pour ses semblables.
 

David SOULAYROL
Première parution : 22/5/2025
nooSFere

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