"Docteur Asimov, je crains d'avoir fait une grosse boulette. Vous savez qu'en tant que Terriens nous sommes censés ne pas interférer avec l'évolution des civilisations extraterrestres...

– Que croyez-vous ? Moi aussi j'ai vu 'Star Trek' ! Je n'ignore rien de la fameuse 'prime directive'...

– Eh bien, j'ai peur que, en toute innocence... comment aurais-je pu deviner... et ils étaient si choux...

– Ne tournez pas autour du pot ! Que leur avez-vous donné ? La restauration rapide ? Les jeux vidéo ? Les armes atomiques ?

– Pire...

– Quand même pas les œuvres complètes de Robert Silverberg ? Excellent auteur au demeurant, notamment pour les œuvres qu'il a écrites en collaboration, mais...

– Le casse-noisettes !

– Et en un rien de temps vous vous êtes retrouvés avec une révolution sur les bras et tout leur système politique s'est effondré. J'aurais dû m'en douter. Enfin, tant qu'ils n'ont pas aussi le sapin de Noël !

– C'est-à-dire que justement..."

 

     Asimov's Science Fiction a la réputation d'être « globalement » une des meilleures revues américaines — il est exact que nombre de finalistes des Prix Hugo ou Nebula proviennent de ses pages. En réalité, c'est une revue très inégale qui publie le meilleur mais aussi le pire, à tel point que l'on se demande comment « fonctionne » son rédacteur-en-chef ! Curieusement, la série d'anthologies Isaac Asimov Présente des éditions Pocket, constituée d'un « choix » de textes de la revue originale signé Patrice Duvic, est un assez bon reflet de celle-ci. Le dernier volume paru, Futurs à bascule, propose en effet deux courtes nouvelles dont l'intérêt m'a échappé, une novelette de Connie Willis intéressante mais bien confuse, mais aussi deux très longues nouvelles (la seconde est même une novella) tout à fait remarquables. La révolution des casse-noisettes, de Janet Kagan, est une mer veille d'humour et d'irrévérence — on pense immédiatement à Robert Sheckley ou William Tenn, mais aussi à La grande explosion d'E.F. Russell. Bernacle Bill le spatial, de Lucius Shepard, auteur brillant mais rarement aussi engagé dans la SF, est un subtil mélange de tendresse et d'esprit libertarien : le décor est celui d'une gigantesque station orbitale, les protagonistes des durs-à-cuire supportant mal l'autorité de la Terre, les héros un flic bagarreur et un simple d'esprit.

     A l'image de sa source originale, cette anthologie est donc « globalement » une réussite !