L'objet de la gare, c'est de vous mettre en train mais l'objet du train, c'est de vous emporter : pour le guerre, pour les étoiles, vers un salut hypothétique, toujours en fin de compte pour le terminus. C'est pourquoi la gare centrale est un lieu tragique où se nouent tout les destins. Gare centrale, les consignes débordent d'effroyables secrets, la banquise pointe son museau hideux au bout des voies. Gare centrale, votre jeunesse finit dans les déserts de sel, les ambitieux sont jetés au Tyrannosaure, un prophète s'embarque pour Jupiter et le plus grand train du monde s'ébranle pour le sommet du mont Blanc. L'aventure est là, à chaque pas, effarante ou banale, pleine de cataclysmes ou de petites misères. Vous survivez peut-être à la lecture de Gare centrale. Vous en reviendrez, mais dans quel état ! C'est que le temps aura passé, et que tout s'en sera allé, les trains comme votre vie. C'est pourquoi il fait froid gare centrale. Il fait froid depuis toujours.
Les auteurs :
Jean-Pierre Andrevon est l'auteur français le plus publié en "Présence du Futur".
Philippe Cousin se voue depuis quelque temps au roman de politique-fiction mais ils poursuivent l'un et l'autre leur série inaugurée il y a trois ans avec L'immeuble d'en face puis Hopital-Nord.
Voici le troisième volume consacré au fantastique des lieux quotidiens, un cocktail d'humour, de cruauté, d'angoisse et de fantaisie.
1 - Tu iras quand même !, pages 7 à 39, nouvelle 2 - Le Mystère des treize consignes, pages 41 à 58, nouvelle 3 - Train de guerre, pages 59 à 81, nouvelle 4 - Un Jeune con dans le train de l'Histoire, pages 83 à 95, nouvelle 5 - Les Trains de la vie, pages 97 à 124, nouvelle 6 - Le Naufrage de l'Alpennic, pages 125 à 184, nouvelle 7 - Le Train des extraterrestres, pages 185 à 219, nouvelle 8 - En route pour la chaleur !, pages 221 à 243, nouvelle
Critiques
Le duo infernal a encore frappé la cible, après l'Hôpital nord et L'Immeuble d'en face, cette fois c'est la gare centrale. Autour d'elle vont se nouer les trames de quelques nouvelles parmi les plus réussies dans les genres allant de la SF (Le train des extraterrestres) à l'allégorie (le jeune con dans le train de l'histoire) à la parodie de roman d'énigme (le mystère des treize consignes) ou du fantastique moderne comme dans la première nouvelle. Donc, en apparence des « à la manière de » genres très différents. Ce qui demeure cependant c'est une unité de ton : le sarcastique dans l'horrible, mais pas une horreur à la « gore », une horreur plus insidieuse, ou la fatalité se place en coin avec un sale rire jaune. Et l'unité de ton tient aussi à une originalité de style d'autant plus étonnante que les auteurs sont deux : de là à penser à de monstrueuses hybridations nocturnes... en fait j'ai souvent l'impression que la trame est fournie par l'un (le plus souvent Cousin) le peaufinage et la touche artistique dans l'horrible sent bien souvent l'Andrevon de bonne cuvée (rien à voir avec le côté primaire à tous les sens du terme de son recueil paru récemment et qui s'intitulait, à tort, Ne coupez pas). Voir le tyrannosaure du « jeune con dans le train de l'histoire, qui vient tout droit de ils sont rev..., un beau clin d'œil. Clin d'œil aussi, le côté parodique, mi-Stevenson, mi-Hitchcock du » mystère des treize consignes « , et on pourrait en trouver d'autres. Un recueil à deux mains, avec un charme certain, sulfureux certes mais le tout si bien tourné que le rien de frisson qui demeure (ce n'est pas un univers très rassurant), au lieu de le fuir, on le recherche. Peut-être à cause d'un bonheur d'écriture souvent présent, et dont la littérature de SF et de fantastique est trop souvent avare.