Sous la route, passe le souterrain. Quand on l'emprunte, on peut voir, sur une des parois, le dessin d'un homme nu, plutôt obscène. A première vue, rien d'extraordinaire. Mais on prétend que cet homme-là sort parfois du mur et se met à vivre. Il aimerait les petites filles — n'importe lesquelles — , quoique plus spécialement les innocentes. Enfin, celles qui jouent les innocentes et qui en fait sont si futées. Et c'est lorsque l homme du souterrain épanche son amour que se produit l'extraordinaire.
Inédit. Première parution en 1979 (non référencée dans nooSFere).
Critiques
FANTASTIQUE MODERNE
J'ignorais, jusqu'ici, à peu près tout de J.R. Campbell — un auteur anglais né en 1946, fonctionnaire aux Douanes depuis 1962 et dont le premier recueil est publié lors de ses 18 ans, en 1964. Dans les titres de ce premier recueil, une filiation se dessine : qu'on en juge « The mine of Yuggoth », « The insects of Shaggai » — les maîtres du néo-fantastique lovecratien sont présents, avec leur univers.
L'homme dans le souterrain,le premier recueil de cet auteur traduit en France, puise à d'autres sources, bien qu'un arrière-fond demeure de ces premières amours vénéneuses. Il s'agit de 14 nouvelles, axées sur l'irruption de la peur, de l'horreur dans le quotidien le plus banal : aucune quête — de simples malédictions « without a cause » Rien de ce qui surgit n'a d'ailleurs un nom — uniquement des effets. On voit la différence avec le surnaturel exotique d'un Lovecraft (Nyarlathotep, Azatoth, etc.). Au point que le lecteur se pose la question de la validité du champ de conscience des personnages, de leur folie éventuelle : on longe les bordures du pays où fleurissent les psychoses.
Monde du quotidien urbain, de la vie quotidienne des banlieues — et tout à coup des distorsions du cadre, des êtres, des rôles. Présences et absences alternent sur un tempo obsessionnel que les personnages mettent en relation avec des immaturations sexuelles, des régressions. Mais cette explication est un leurre, bien sûr ! Seule l'horreur sournoise reste, avec son épaisseur propre. La postface de R.D. Nolane est claire, dense, informative : un seul regret, que ne figurent pas les titres originaux des nouvelles ni leur lieu d'origine. Pour frissonner à l'aise, même en été.