C. J. Cherryh, née dans le Missouri, écrit depuis l'enfance. Après des études littéraires classiques, elle s'impose dès son premier livre comme un auteur de science-fiction personnel et novateur.
Seul un barrage peut sauver Hestia, planète perdue, où cinq mille colons, accrochés à la côte, vivent dans la terreur des crues du fleuve.
Un barrage à construire loin en amont : tel est le projet de Sam Merritt, l'ingénieur terrien. Projet insensé car là-bas s'étend une forêt sans fin, inexplorée, hantée, disent les Hestians, de créatures diaboliques. Humaines ou animales, nul ne sait. De nuit, elles incendient les fermes, égorgent les troupeaux.
Le Terrien est sceptique, mais quand, dynamitée, une falaise s'effondre, une silhouette apparaît puis tombe, blessée.
Et Sam Merritt découvre le corps doré d'un être mi-femme mi-fauve, qui feule et mord, mais s'apaise soudain sous le regard de l'homme.
Critiques
Ces sacrés bon sang de colons de la planète Hestia ! Rien ne les arrachera à leur damnée vallée boueuse ! Hestia est une terre malsaine et fangeuse mais ils sont chez eux, vous comprenez ? Le sol de cette planète est leur seule richesse, leur seul foyer... Même dans l'espace infini, les fermiers américains du début du siècle restent des fermiers américains du début du siècle. Ces gens-là vont se battre pour leur vallée et, bon Dieu Sam, je crois bien qu'on y arrivera, ouaip ! Ça sera dur, mais on le fera, Sam. Ouaip !
Naturellement, il ne faudrait pas que les Indiens du coin fassent sauter le barrage. Sculptée dans la masse des stéréotypes et des péripéties conventionnelles, Carolyn J. Cherryh a composé là une ode à la construction toujours recommencée de la société américaine. Ecrit sans talent mais efficace comme cette race de pionniers qui ferait pousser des radis sur les rochers, le western-opéra de Carolyn J. Cherryh montre que le vieil Ouest fait toujours recette dans les chaumières américaines — et que la SF n'a pas cessé d'être la genèse idéologique de l'american way of life. Un roman qui paraît donc fait sur mesure pour les sociologues et qu'il faut lire de toute façon, car la clarté de sa mythologie lui confère un indéniable intérêt documentaire.