FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions
(Paris, France), coll. Anticipation n° 517 Dépôt légal : 3ème trimestre 1972 Première édition Roman, 240 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant Format : 11,0 x 17,0 cm Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Rien de plus banal qu'un mariage chez les Œus (prononcez 0-é-us). On couche ensemble, voilà tout. Et après, quand l'un des deux est las de l'autre ? Elémentaire ; un Œus ne peut aimer qui ne l'aime pas.
On s'aimait bien, valané Zora et moi. Malheureusement j'étais trop souvent invisible... et intouchable. C'est gênant. Pourtant elle ne m'a pas abandonné. Elle m'a suivi jusqu'à l'astronef des Galks, et sans elle je naurais jamais réussi à truquer leur Grand Ordinateur et à sauver la Terre.
Eh oui, la Terre, notre Terre, où nous cohabitons sans le savoir avec les Œus. Essayez donc, un soir, quand tombe le crépuscule. Placez-vous près de la fenêtre, et regardez, presque prallèlement à la vitre. Avec un peu de chance, vous les verrez, les Œus, comme des fantômes. Et si vous reconnaissez Zora, alertez-moi. Je vous en prie. Parce que je ne l'oublierai jamais.
Critiques
Avec son cinquième livre dans la collection, Paul Béra abandonne enfin son personnage de Robby-Robot, qui menaçait sérieusement de s'enliser dans d'insignifiantes et bavardes aventures, pour prendre un ton plus personnel dans Race de conquérants. Le roman nous conte à la première personne, et sur le mode badin, les mésaventures d'Olivier qui, grâce à un appareil inventé par un de ses amis, passe dans une autre dimension de la Terre (l'affaire se complique du fait qu'un extra-terrestre « extra-dimensionnel » prend la place d'Olivier sur notre globe, tout en restant en correspondance télépathique avec lui) et se trouve engagé malgré lui dans un conflit triangulaire opposant, chez les Oeus (nom donné aux habitants de la Terre parallèle), des révolutionnaires au pouvoir en place, tandis que toute la race doit affronter les Galks, qui sont les conquérants du titre et viennent d'un autre système solaire.
La première partie de l'ouvrage est pleine de notations amusantes, l'auteur prenant par exemple vigoureusement la défense des « clichés » littéraires — ce qui est sans doute un clin d'œil adressé à ses frères de collection... et à lui-même. L'arrivée d'Olivier, nu comme un ver (je ne sais plus si ce cliché est de Béra ou de moi), au milieu d'une troupe de jeunes combattantes Oeus en tenue léopard qui lui braquent cavalièrement leur désintégrateur sur l'estomac, ou les mésaventures du Galk égaré dans le Paris réel de mai 1968 et se faisant copieusement rosser par des C.R.S. qu'il veut désintégrer, tout cela, et d'autres détails du même genre, a un petit côté canularesque et bon enfant qui est loin de nous déplaire.
Malheureusement, la deuxième partie de l'ouvrage, où Olivier et sa compagne Zora doivent affronter les Galks et jouent au chat et à la souris (je revendique celui-là !) avec un cerveau électronique encore plus stupide que ceux de van Vogt (selon MM. Dorémieux et Barlow), fait retomber Race de conquérants dans ce genre de galipettes où Béra ne semble pas très à son aise. Conseillons-lui donc de rester totalement lui-même, si son éditeur le permet, à l'occasion d'un prochain livre. En attendant, on peut toujours conseiller à nos lecteurs de parcourir celui-là... en diagonales, mon cher Bertrand.