Stefan Wul nous fait remonter aux sources de l'humanité avec le génie que les amateurs de science-fiction s'accordent à lui reconnaître.
Vingt ans après sa parution, vous me voyez heureux de vous soumettre à nouveau ce qui fut en son temps une réelle révélation.
Critiques
Première réédition d'un Wul dans sa maison d'édition d'origine (dont il est et reste le principal titre de gloire), et premier roman de l'auteur (sorti en décembre 56). Retour à zéro intègre déjà toutes les constantes et lignes de force de l'univers de l'auteur : profusion de monstres qui valent bien ceux de van Vogt (ici, ceux des cavernes de la Lune), cataclysme planétaire (explosion de la Lune, dont les débris saccagent la Terre), nanisme opposé au gigantisme (des humains réduits sont injectés dans un corps normal, comme dix ans plus tard dans le film Le voyage fantastique), combat d'un homme seul contre tout un monde. Malheureusement, l'ensemble reste un peu trop hétéroclite pour vraiment convaincre, le thème de base est trop banal pour vraiment passionner (un espion est envoyé sur notre satellite, devenu planète pénitentiaire, pour y mater une révolte), les personnages sont trop stéréotypés pour vraiment accrocher. Mais Wul est Wul, et la ressortie de cet ouvrage introuvable depuis vingt ans s'inscrit avec bonheur à la suite des six précédentes rééditions... en attendant les quatre prochaines et dernières.
Le Grand Prix du roman science-fiction a été attribué pour 1956 à Stefan Wul pour son «Retour à « O» (Fleuve Noir), histoire de Jâ Benal, savant des temps futurs, envoyé en mission de renseignement sur la Lune dont les habitants, condamnés à mort, exilés ou descendants de ces derniers, se préparent à attaquer la Terre afin de se venger de l'humanité. Jâ Benal ne réussit qu'à moitié car, s'il parvient à prévenir l'agression proprement dite, il n'en échoue pas moins, pour des raisons indépendantes de sa volonté, dans ses efforts pour sauver ses semblables. L'ouvrage, qui appartient à la catégorie « space opéra de luxe » (sans que ce qualificatif comporte ici quoi que ce soit de péjoratif, bien au contraire) est solidement bâti et très bien écrit. La fin, seule, est discutable, mais je ne puis vous la révéler sous peine de compromettre l'intérêt que vous auriez à lire ce roman qui, malgré la faiblesse de son dernier chapitre, mérite d'être lu.
Igor B. MASLOWSKI Première parution : 1/11/1956 Fiction 36 Mise en ligne le : 2/7/2025