Il y en avait peut-être des centaines de milliers de ces vers jaunes et gras qui dévoraient le corps de son amant. Ils étaient partout, dans les aines, sous le scrotum, sous le pénis inerte, et ils ondulaient comme une boue en fermentation, un marécage grouillant de forêt tropicale.

     Après l'excellent « Festin Séculaire », probablement l'un des meilleurs titres de la collection, G.-J. Arnaud nous revient avec une histoire aussi délirante et aussi invraisemblable.

     Le récit débute par une banale histoire d'amour entre une enseignante et un de ses élèves. Ce dernier ressemble à un autre élève qu'elle a eu en classe une dizaine d'années auparavant. Cette étrange coïncidence est le prélude à une suite d'événements insolites. Qui se dissimule derrière l'identité de Loïc, cet élève de troisième ? D'où vient-il ? Qui sont ses parents, des personnes au comportement ambigu ? Et que penser de sa sœur Muriel, laquelle est soupçonnée de laisser traîner des asticots dans la classe ?

     Beaucoup de questions qui se télescopent pour aboutir à cette autre interrogation : qui sont les Loms, ces vers répugnants qui grouillent et se repaissent de chairs humaines ?

     Contrairement aux autres ouvrages de la collection et conformément au titre du livre, les torrents d'hémoglobine, ingrédient pourtant indispensable à l'esprit de la collection, cèdent ici la place à une profusion de vers grouillants et frétillants. « Allez les vers ! » pourrait-on déclamer en lisant ces lignes.

     Le résultat est remarquable. Le récit est mené de main de maître, avec le talent et le métier qui caractérisent l'auteur. Le suspense est total. On ne s'ennuie pas un seul instant à la lecture de ce livre car chaque page ajoute sa touche de mystère. Le voile de l'intrigue se soulève lentement, progressivement, centimètre par centimètre, pour se terminer par une chute démente, absolument renversante.

     Assurément, ce livre est une réussite et constitue à mon avis le meilleur titre, paru à ce jour, de la collection.