Les Imaginox nous conte l'histoire passionnante de la lutte des deux principales civilisations du système solaire pour l'hégémonie économique et politique. C'est aussi une étude prenante de la psychologie de deux hommes : le professeur Rold Theorn, à la recherche d'une solution pacifique des problèmes de la galaxie et le sénateur Callimus, qui utilise les ressources de la super-science pour entrainer le peuple dans un climat de guerre totale. Callimus dispose de tous les moyens de propagande et avec la dextérité d'un montreur de marionnettes, il tire les ficelles pour effrayer, abattre et menacer. Mais le professeur Theorn, le "Père Joujou", crée les mystérieux Imaginox et, grâce aux enfants complètement ensorcelés par les étranges jouets sans forme, il répand sa doctrine de paix.
Paru en 1955 dans l'éphémère série 2000 des Éditions Métal, ce livre était non seulement introuvable, mais à peu près totalement inconnu du public français, si l'on excepte le petit nombre d'amateurs de science-fiction de cette époque, aujourd'hui relativement âgés.
Né en 1915 à Salt Lake City (U.S.A.), Raymond F. Jones est surtout connu pour son roman Les survivants de l'infini (Le Rayon fantastique) dont a été tiré un film remarquable en 1954.
Il a aussi écrit de nombreuses nouvelles dont 6 sont réunies dans Les Imaginox, mais est resté peu connu du public français. Son autre roman, tout aussi remarquable, Renaissance, vient en effet seulement de paraitre en librairie cette année (Éditions J'ai lu), soit 25 ans après Les Survivants de l'infini et Les Imaginox. Il s'agit pourtant d'une des voix les plus originales de la science-fiction américaine de la grande époque.
- Astropolis d'Alfred Fritz, Presses de la Cité, Captain W.E. Johns n° 115
- Vénus contre la Terre de Paul French, Presses de la Cité , Captain W.E. Johns n° 114]
Meilleur A. S. du mois : « Les imaginos » – la couverture porte imaginox, mais ce n’est sans doute qu’une coquille – (The toymaker), de Raymond F. Jones (Ed. Métal), recueil de six longues nouvelles dont la première donne son titre au volume. Sans être d’égale valeur, toutes sont très bonnes et deux excellentes. J’ai particulièrement aimé celle du début, où l’on voit un groupe de savants tenter d’empêcher le dictateur de l’époque de déclencher une guerre intergalactique en hypnotisant les enfants au moyen de jouets baptisés « imaginos ». Autre récit de qualité : « La salle des enfants », où l’on assiste à la lutte qui se livre dans le cœur d’un père dont l’enfant est mutant. Aura-t-il le courage de s’en séparer pour le bien de l’humanité ? Nouvelle extrêmement poétique et émouvante, dont la fin est assez inattendue. « Météo » s’inscrit à mi-chemin de la S.-F. et du policier, « Modèles perfectionnés » est de caractère psychologique, « Les parasites » possède une forte tendance au « suspense », « Inventions », enfin, n’est pas dénuée d’un certain humour sardonique. Comme on voit, la variété n’est pas l’une des moindres qualités de Jones dont l’imagination, par ailleurs, est étincelante. Seule ombre au tableau, la traduction qui laisse nettement à désirer.
« La fleur diabolique » (Hell flower), de George 0. Smith (Rayon Fantastique, Hachette), est un « space opera » où l’on voit un pilote interstellaire, compromis à la suite d’un grave accident, tenter de se réhabiliter en démasquant les trafiquants de « lotus d’Eros », fleurs possédant des propriétés aphrodisiaques et dont certains hommes de l’époque font usage pour séduire les gentes dames qui leur résistent. Surtout n’allez pas imaginer que c’est un roman « sexy » – le côté érotique est traité de façon fort discrète – l’intérêt principal résidant dans le combat opposant les forces de l’ordre en la personne de Charles Farradyne au mystérieux ennemi dont on ne sait s’il est de notre univers ou non. L’adaptation de Jacqueline Raffejaud est très bonne.
« Hommes en double » (Man in duplicate), de Vargo Statten (Fleuve Noir), nous décrit les aventures de Harvey Bradman, multimillionnaire et dilettante, qui, pour plaire à sa fiancée, se trouve mêlé à des aventures sortant un peu de l’ordinaire, puisqu’elles l’opposent à son sosie, venu sur Terre d’un autre monde dans des buts peu attrayants pour nos descendants. Le roman se déroule sur le rythme assez lent propre à nombre d’ouvrages anglais. Il n’est jamais ennuyeux, mais l’auteur semble l’avoir un peu « étiré » pour arriver à la longueur minimum exigée par les éditeurs d’outre-Manche, aussi la dernière partie semble-t-elle traîner un peu. Élégante adaptation de A. Audiberti.
Polariens et Denebiens s’opposent à nouveau dans « Nos ancêtres de l’avenir », de Jimmy Guieu (Fleuve Noir), tentant de se concilier les bonnes grâces des Terriens, les premiers pour assurer le bonheur de l’humanité, les seconds pour l’asservir. Les humains, étant ce qu’ils sont, commencent par massacrer les Polariens et seule l’occupation « amicale » denebienne, dont la nature n’est pas sans rappeler certaine autre (« Le Führer a dit : « Collaborons », donc il faut collaborer »), leur ouvrira finalement les yeux. Heureusement, les Polariens ne sont pas rancuniers, puisque ce sont « nos ancêtres de l’avenir ». Le roman est bien écrit, mais deux ou trois passages, le début en particulier, choqueront probablement, pour des raisons politiques, une certaine catégorie de lecteurs, ce qui est regrettable, l’A.S. parfaite ne devant pas, à mon avis, sortir des cadres de pure distraction de caractère scientifique – ou, selon les cas, pseudo-scientifique.
Aux Presses de la Cité, paraissent deux ouvrages de S.-F. pour la jeunesse qui intéresseront cependant nombre de lecteurs adultes. L’un d’eux, « Astropolis », d’Alfred Fritz, a la particularité d’être (sauf erreur) le premier A.S. allemand à paraître chez nous. Il nous narre le séjour d’un adolescent sur un satellite artificiel, séjour terminé par un voyage plutôt mouvementé autour de la Lune. L’auteur, fort bien adapté par M. Metzger, se propose surtout de nous fournir un certain nombre de renseignements pratiques (le côté « scientifique » semble avoir été traité avec la méticulosité propre à nos voisins d’outre-Rhin) et son roman possède donc un certain aspect documentaire, point trop ardu, m’empressai-je d’ajouter, qui intéressera à la fois profanes et techniciens.
L’autre, « Vénus contre la Terre » (Lucky Starr and the oceans of Venus), de Paul French, nous permet de retrouver le jeune savant Lucky Starr, que le Conseil Mondial, envoie sur Vénus tenter de démasquer des saboteurs qui, pour arriver à leur fin, ont apparemment corrompu le représentant sur Vénus du C. M. Le roman joint les qualités d’un policier mouvementé à celle d’un S.-F. bien conçu, dont l’auteur n’est jamais à court d’idées. Et les grenouilles-V, équivalent, là-bas, de nos chiens et chats, sont de petites bêtes bien sympathiques au premier abord, mais infiniment inquiétantes lorsqu’on se met à les connaître de plus près. La traduction de Henri Pacquet est de qualité.
Igor B. MASLOWSKI Première parution : 1/2/1956 Fiction 27 Mise en ligne le : 20/4/2025