« On ne résume pas en quelques lignes, en quelques mots, ces événements qui se succédèrent depuis le mois d'août 1996... » : ainsi débute Sécession Bis, roman que l'on peut justement résumer en quelques lignes, en quelques mots.
Non, la guerre de Sécession ne recommence pas. Ça n'est pas ça. C'est autre chose, disons une mise en quarantaine du Sud où sévit un mystérieux virus. Un virus venu du Nord, probablement... Dans ces cas-là, renaissent les haines et s'installe le désordre. Tony Burden qui est en partie responsable de tout ça se balade dans ce chaos avec nonchalance, mais ne vous fiez pas à son calme ; il est en réalité habité par le souci de se venger de Morgansen, ce salaud qui menait des expériences sur Tony et ses semblables quand il était encore au Home des Vétérans d'Ozark. Suite au prochain Fleuve Noir...
Il n'y a pas grand chose dans ce roman, peu de substance, peu d'idées. Enfin, il n'y a pas grand chose, c'est vite dit. En fait, il y a le style de Pelot et ça fait toute la différence. On a l'impression que Pelot écrit comme il respire. Ça vient tout seul, malgré lui, c'est vital, c'est douloureux. S'il s'arrêtait d'écrire tout à coup, de noircir des romans, des romans noirs, parfois gris foncé, il mourrait. Comme s'il s'arrêtait de respirer. Comme si son cœur cessait de battre la chamade pour se reposer définitivement. C'est difficile à expliquer. J'ai senti ça. J'ai pas de preuves.
Le style de Pelot n'est pas facile, il a l'air simple comme ça, vu de loin, mais il est plein de virages, de parenthèses, de distorsions. L'histoire se révèle directe, rectiligne. Mais le style, lui, c'est tout le contraire. Le contraste est saisissant, Ce contraste, c'est Pelot.
En disant ça, j'ai tout dit.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/11/1987 dans Fiction 391
Mise en ligne le : 7/4/2003