Critique des n° 2 et 3 de la série « La biche de la forêt d'Arcande »
Maintenant que Thorn le porcher est arrivée dans le monde au-delà des brumes, il va devoir faire ses preuves et prouver sa nature divine. Il rencontre sa tante, la Reine de la Nuit, et lui soumet trois requêtes. Elle ne lui dit pas non d'emblée mais lui pose une condition : il doit surmonter trois épreuves. La première lui permettra de délivrer sa mère de l'isolement dans laquelle la tient la Grande déesse, la seconde de libérer sa soeur Onik de son apparence de biche et la dernière de réveiller la femme qu'il aime et qu'emprisonne un sommeil de statue.
Il remplira les deux premiers contrats, malgré les pièges tendus par sa tante qui l'aime et le déteste à la fois parce qu'il lui rappelle son père mais sera trahi avant d'entreprendre sa troisième mission. La Reine de la Nuit a en effet éveillé la mortelle qu'il aime et l'a donnée en mariage au Prince des Ténèbres. Surprenant son entourage, il partira à sa recherche et renoncera au bout du compte à son essence divine.
Douriaux a choisi comme décor la magie issue de la science. Tous les pouvoirs magiques des dieux et des déesses proviennent d'un héritage extraterrestre tombé en décadence. Cette idée, pas tout à fait nouvelle, permet de mélanger les genres. Zélazny, dans L'enfant tombé de nulle part et Franc-Sorcier, en a donné il n'y a pas très longtemps une brillante illustration. Mais là n'est pas le propos de l'auteur qui se contente d'y faire allusion sans entrer dans les détails.
C'est l'ambivalence du héros qui l'intéresse ici. Moitié homme, moitié dieu, Thorn se sent tiraillé entre ses deux origines. Il aime une mortelle et il aime également sa sœur divine. Or, il ne peut obtenir à la fois l'une et l'autre. Obligé de choisir, obligé de se déchirer le cœur, Thom optera pour ce qui semble être une folie. Mais l'oubli total de ce qu'il a vécu et souffert rendra son futur souriant et possible. Tout est bien qui finit bien.
L'imagination de Douriaux, à défaut d'être brillante, est efficace. De même, son histoire n'est pas surprenante mais prenante. Elle mêle combats sanguinaires et sentiments, violence et cas de conscience. Un équilibre riche que soutient un style dépouillé et une construction en scènes courtes, souvent menées à bride abattue.
Une trilogie solide.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/3/1989 dans Fiction 406
Mise en ligne le : 13/3/2003