Quatrième de couverture
L'exploration du système solaire, accomplissement des merveilles de l'âge de la science, a été la grande aventure technologique de cette deuxième moitié du XXème siècle. Cette étape décisive dans le destin de l'humanité, ce prodigieux bond en avant, promesse d'un avenir meilleur... NON... STOP ! COUPEZ ! Ca, ce sont les clichés éculés sortis des petits manuels de la science-fiction d'avant 1970. Et les clichés, c'est fini. L'exploration de l'espace, c'est autre chose. Ce n'est pas un rêve glorieux, c'est une routine stupide. Ce n'est pas une aventure exaltante, c'est un bain de sueur et de larmes, une course aveugle vers la folie et la destruction. L'univers est à nous ! Oui, mais à quoi ça nous sert ?
Critiques
17 textes (nouvelles, ou fragments, ou projets de nouvelles) forment une chronologie (volontairement désordonnée) de la « conquête » du système solaire entre 1969 (premiers pas sur la Lune) et 2500 (Titan, satellite de Saturne). Malzberg met en parallèle les poncifs belliqueux de la vieille SF colonialiste et portée au génocide (dans le prologue... Comment nous souhaitons que les choses se soient passées) et la « réalité » prospective de la conquête telle qu'il' imagine qu'elle puisse se passer : terne odyssée technocratique et bureaucratique, où les cosmonautes sont présentés comme des parias suicidaires et névrotiques poussés dans l'espace pour servir à de sordides intérêts politiques ou publicitaires. C'est toujours brillant, souvent drôle, parfois amer, mais finalement assez peu subversif et fréquemment insatisfaisant dans le développement des récits, que Malzberg, systématiquement, achève par des points d'interrogation ou des pointillés : à la longue le procédé lasse. L'auteur en tout cas semble bien être le spécialiste de l'incomplétude, sans qu'on puisse savoir exactement si c'est par incompétence ou par système, et si la profondeur qu'on croit saisir dans ses récits est réelle ou simple produit d'un mirage. Après 4 ouvrages traduits, le portrait de Malzberg peut être réduit à cela : c'est un très habile faiseur spécialisé dans la contestation ou la dérision tous azimuts. N'empêche, L'univers est à nous ! est pour l'instant son livre le plus réussi.
Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web) Première parution : 1/11/1976 dans Fiction 274 Mise en ligne le : 1/4/2013
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