Voici un grand roman d'aventures fantastiques écrit par le génial auteur de Dracula, le célèbre vampire immortalisé à la fois par son créateur et par les différentes approches cinématographiques qui en ont été faites.
Assailli, dans une pièce entièrement close, par quelque chose ou quelqu'un, un éminent égyptologue est plongé dans un étrange état cataleptique. Puis, peu après, au même endroit, certains objets précieux disparaissent, tandis que d'autres reviennent..., dans de troublantes conditions. Et, alors que le mystère grandit, de nouvelles malédictions resurgissent, dont l'une est matérialisée par une main momifiée..., une main pourvue de sept doigts. Une main où scintillent d'extraordinaires joyaux, semblables à des étoiles...
Il ne s'agit pas ici de vampirisme, mais l'horreur atteint, dans ce superbe roman, des sommets — on dirait plutôt des abîmes — réellement inattendus.
Bram Stoker est né en 1847, à Dublin, dans la famille d'un modeste fonctionnaire. Il était de santé précaire et eut une enfance difficile. Ses études terminées, il se lança dans le journalisme et devint éditeur d'un journal du soir, essayiste, critique dramatique. En 1871, l'idée lui vint d'écrire son Dracula, pour lequel il entreprit de nombreuses recherches dans l'histoire et les traditions ésotériques. Publiée en 1897 et représentée au théâtre la même année, son œuvre eut un certain succès, mais c'est surtout la littérature populaire et le cinéma fantastique qui ont véritablement fait connaître le personnage de Dracula, souvent même aux dépens de l'ouvrage original qui reste pourtant comme un des plus authentiques chefs-d'œuvre de la littérature fantastique et dont les éditions, dans le monde entier, sont innombrables, la dernière en langue française ayant été publiée par Marabout puis par Le Masque fantastique. Il reste que le succès de Dracula ne doit pas faire oublier ses autres œuvres comme cet admirable Joyau des sept étoiles ou encore Le repaire du ver blanc (Christian Bourgois).
Où l'auteur de Dracula montre qu'il sait aussi faire peur avec une momie. Peur et plaisir en même temps, comme avec le vampire, puisque cette momie est celle d'une très belle femme, à qui ses pouvoirs temporels de reine et spirituels de sorcière ont permis d'éviter « l'irréparable outrage » (merci. Racine !). Si on ajoute qu'une jeune Anglaise, charmante et pure, a une ressemblance frappante et de subtils liens avec l'ensorceleuse, on voit que ce livre est bien dans la même ligne de révolte victorienne contre le victorianisme que Rider Haggard (cf. Sheet Aycha, nos 337 et 479). Les effets angoissants (la main coupée vengeresse) et sensuels (la beauté nue émergeant des bandelettes poussiéreuses) feraient de ce texte, encore inédit en France, un scénario tout trouvé pour le cinéma. Pour le lecteur, cependant, il est à regretter que les longues rationalisations (radiations, corps astral) tournent court, la conclusion abrupte sacrifiant le cohérent au sensationnel.