Blade entendit un craquement de branches, les buissons s'écartèrent, le stolof apparut. Un monstre d'une demi-tonne, semblable à une mygale géante déplaçant ses pattes avec une lenteur terrifiante.
Un coup de sifflet strident déchira le silence. Aussitôt un long ruban poisseux jaillit de la gueule infernale de la bête, s'enroula autour de Blade et l'emprisonna...
— Où va Richard Blade, voyageur de l'infini ? Dans quelles « dimensions » le cerveau sans âme de l'ordinateur peut-il le projeter ? Dans quels mondes passés ou à venir ? Dans quels univers inconnus jusqu'alors ?
— Blade, un homme fait de muscles, de sang, de sexe et d'intelligence.
— Blade sera-t-il le jouet humain de la machine qui I'envoie combattre les monstres terrifiants, les déesses sauvages et perverses d'un monde d'ailleurs ?
Critiques
Un critique devrait toujours se méfier des idées reçues et des jugements hâtifs. Je viens d'en faire l'expérience avec la série Blade. Parce que Gérard de Villiers, réactionnaire notoire, patronnait l'affaire et que les couvertures étaient particulièrement hideuses, je n'y avais jamais jeté un œil. Et j'ai eu grand tort ! Car les aventures de Blade (vingt-trois volumes parus, il était temps que je m'y mette !) ne sont ni plus ni moins que de l'heroic-fantasy bonne cuvée, et même largement meilleure que celle d'auteurs consacrés dans le genre.
Je fais donc amende honorable. Bien sûr, il y a encore là-dedans beaucoup de stéréotypes, pas mal de violence gratuite, l'érotisme habituel (mais pas phallo, chose étrange, l'heroic-fantasy ne nous avait pas habitué à ce regard-là sur la femme !), et on se rend compte que Jeffrey Lord fabrique consciemment un produit aux règles bien définies, visant un créneau spécifique. Mais du moment que ça fonctionne parfaitement, pourquoi s'en plaindre ? Les aventures de Blade fourmillent d'idées et de descriptions bien maîtrisées, et retiennent l'attention par la démesure de leur imaginaire. On marche, on court même, on ne s'ennuie pas une seconde. Et ce plaisir n'est pas honteux. Malgré le patronage peu sympathique de Gérard de Villiers, la série Blade est même plutôt progressiste.
Projeté dans la Dimension X (plus affriolante que Temps X, je vous assure !), Blade se range toujours du côté des « bons », je veux dire des Empires ou des groupes les plus démocratiques, contre tous les tyrans sanguinaires. Il l'emporte, bien sûr, et quand il revient dans notre dimension, tout est arrangé. Blade, c'est le « preux chevalier » du mythe qui intervient pour sauver la veuve et l'orphelin... et les peuples opprimés. En évitant de tuer pour le plaisir ou de décider à la place des gens qu'il a sauvés. Autogestionnaire, Blade ? Pas encore tout à fait, mais un souffle nouveau passe sur l'heroic-fantasy...
Les deux plus récents volumes de la série nous entraînent à Draad, que Blade défend contre les sadiques de Trawn (L'eau dormeuse de Draad), et à Saram, dominé par un tyran cruel (Les cinq royaumes de Saram). A chaque fois c'est exotique, plein de mouvements et de sentiments. Vous avez compris : oubliez un moment Gérard de Villiers et allez-y.