Votre femme est morte. Vous ne la revoyez qu'en songe. Et vos nuits n'ont rien de gai... Il y a bien MEDIUM, la machine qui, dit-on, permet de communiquer avec les trépassés. Difficile à croire. D'ailleurs l'inventeur n'est pas un philanthrope. S'il n'en voulait qu'à votre argent, vous payeriez pour affronter ces entités mystérieuses qui ont l'éternité pour souffrir ou pour trembler. Mais quelque chose vous dit qu'il veut plus. De tous temps, on a su réduire les hommes en esclavage, et l'on a essayé de les remplacer. Des prolétaires et des machines, tel était le programme de Jay Gould et autres requins de la finance. Pour eux-mêmes, ils rêvaient d'immortalité. Pourtant ils sont morts depuis un siècle. A moins qu'on ait trouvé LA solution. Celle qui ferait des vivants les sujets des morts.
Philip José Farmer, né en 1918, devint célèbre d'un seul coup en 1952, par la publication des Amants étrangers. Cette nouvelle introduisait le souffle de l'érotisme au sein de la science-fiction américaine, traditionnellement pudibonde. Un érotisme fortement teinté de poésie et de préoccupations éthiques : le héros "farmérien" part à la découverte de lui-même. Il traverse les épreuves et en sort grandi. L'œuvre de Farmer est un hymne à la libération des corps, une rupture – parfois douloureuse – avec l'enfance puritaine de l'auteur.
Le Jardin des livres clôt la réédition de la série « Un Exorcisme » avec ce troisième tome, La Machine pour parler avec l'au-delà (curieusement rebaptisé, le premier titre français, L'homme qui trahit la vie, étant bien plus fidèle au titre original Traitor to the Living). Un scientifique, Western, met au point une machine pour parler avec les morts, qu'il baptise MEDIUM. Son cousin Carfax, professeur d'histoire, doute sérieusement de la trouvaille de Western : premièrement, parce que pour lui le contact n'est pas établi avec les morts, mais avec des extra-terrestres qui auraient mémorisé toute la vie des personnes décédées. Et deuxièmement parce qu'il pense, comme le lui suggère sa cousine Patricia, que Western a tué son oncle Rufton, père de la jeune femme. Carfax va tenter de prouver la supercherie et le meurtre, mais on ne s'attaque pas impunément à un homme devenu aussi puissant qu'un président.
Ce roman est fort différent des deux précédents tomes, Comme une bête et Gare à la bête. Après ces sommets de pornographie qu'atteignirent ses prédécesseurs, La Machine semble bien prude. De même, l'enquête d'un détective de polar cède la place à une course-poursuite davantage dans l'esprit des films des années 70 (ce tome 3 a été publié en 1973, les deux autres coup sur coup en 1968). Bref, peu de points communs, de telle sorte que le rattachement à la série semble bien artificiel. Pourtant, Farmer le précise parfaitement, Carfax n'est autre que Harald Childe, le héros des deux romans précédents. Suite aux affaires qu'il a traitées, il a fait une dépression, a décidé de changer de vie et est devenu Gordon Carfax. Du coup, cela change quelque peu le point de vue que l'on a de ce livre, et MEDIUM semble une continuation logique des expérimentations des Tocs et des Ogs, les extraterrestres de Comme une bête et Gare à la bête (ceux que Carfax supposent être derrière MEDIUM ?). Il n'est néanmoins aucunement besoin d'avoir lu le début de la série pour savourer ce roman, loin d'être inoubliable (Farmer a écrit des textes autrement dérangeants ou novateurs) mais mené tambour battant.
Nota : on regrettera que l'éditeur n'ait pas persévéré dans son excellente idée des deux premiers tomes de proposer une galerie des couvertures internationales du roman. C'était pourtant une plus-value des plus sympathiques.