Dans ce sixième volume, nous apprenons une nouvelle particularité de l'Ikigami, qui permet à son porteur d'effectuer tous les achats souhaités sans avoir à les payer au cours de ses vingt-quatre heures de sursis. Ainsi, le premier sketch s'intéresse à un jeune SDF décidé à utiliser cet ultime privilège pour aider les sans-abri tout en jetant l'opprobre sur les Thénardiers qui l'ont élevé (les victimes de l'Ikigami se portant coupables d'un délit empêchant leurs parents de toucher la prime qui leur est destinée, sans parler de l'anathème social jeté sur leur famille). Dans la seconde partie, un jeune opposant au régime se voit délivrer l'Ikigami, et trouve là l'opportunité de pousser son père (un journaliste autrefois responsable d'une émission TV dénonçant le système) à reprendre le chemin de la rébellion. Pour cela, il n'hésitera pas à organiser un coup d'éclat dans lequel Fujimoto, notre porteur d'Ikigami, sera placé en première ligne...
Avec ce nouveau tome, Ikigami privilégie la description de sa société dictatoriale. Les deux sketches présentés sont l'occasion de montrer les méthodes utilisées par cet état oppresseur, très inspirées du classique 1984 (encouragement à la délation, propagande médiatique...). Dès lors, l'intrigue ne se contente plus de relater les dernières heures des condamnés, et prend le temps de s'attarder sur les dilemmes de notre livreur d'Ikigamis (doit-il ou non dénoncer sa charmante collègue, qui l'incite à rejoindre les opposants au régime ? Est-elle sincère, ou bien s'agit-il d'un agent infiltré au service du gouvernement ?). Comme les tomes précédents le laissaient présager, cette accumulation de portraits individuels des victimes de l'Ikigami a donc pour but de dresser un tableau plus vaste représentant toute l'horreur d'une machine à opprimer parfaitement huilée.
Florent M. 25/04/2010
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