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« L'Eternel Dieu dit : Voici, l'homme est
devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le
maintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de
vivre éternellement. Et l'Eternel Dieu le chassa du jardin d'Eden, pour qu'il
cultivât la terre, d'où il avait été pris. C'est ainsi qu'il chassa Adam ;
et il mit à l'orient du jardin d'Eden les chérubins qui agitent une épée
flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie. »
LE MUR est apparu.
Si grand, si sombre, insondable.
Entre Saturne et Jupiter, au coeur des jeunes Etats les plus prospères de la Fédération
des Terres Unies, la troisième flotte de l'United Earthes Force a accompli l'impossible : ouvrir un vortex dans LE MUR.
Mais l'escadrille Purgatory a payé de la vie d'un de ses pilotes cette première victoire.
Une victoire ? Contre qui ? Et si le conflit n'avait pas vraiment commencé ?
Ici continue la Première Guerre Universelle. | |
Il est rare que la bande dessinée aborde le domaine de la hard science... En mêlant
astrophysique, trous de ver, relativité et distorsions temporelles, Bajram le fait ici avec un réel talent, donnant à cette série
un impact inhabituel.
Dans cette première guerre universelle, le champ de bataille n'est en effet pas un pays,
ni même
la Terre, mais bel et bien le système solaire. Ce ne sont donc plus de simples immeubles qui sont éventrés,
mais bien des planètes entières, avec lesquelles l'auteur jongle comme s'il s'agissait de simples jouets.
Après s'en être pris aux anneaux de Saturne dans le premier album, il faut une audace certaine
pour oser trancher Uranus comme un simple fruit, à l'aide d'un trou de ver d'origine apparemment artificiel !
Cet exemple donne une idée de l'ampleur peu commune
des aventures spatiales qui nous sont contées, qui ont peu à voir avec les combats d'opérette à la Star Wars.
Le graphisme demeure tout à fait somptueux. Bajram s'affirme comme un peintre de l'espace,
qu'il illumine d'étoiles scintillantes, de vaisseaux en feu, d'explosions grandioses... Les couleurs et
le jeu du clair-obscur magnifient ce splendide space opera tragique et flamboyant, qui demeure pourtant
profondément humain.
Car même s'il pousse assez loin l'aspect scientifique et militaire de l'intrigue,
Bajram n'oublie pas pour autant le côté humain. Les personnages de quasi mercenaires en quête d'une improbable
rédemption pouvaient paraître un peu stéréotypés dans le premier volume, mais ici ils s'étoffent et s'humanisent,
en particulier lorsqu'ils sont confrontés au drame de la mort d'un des leurs.
Sans forcer le trait, Bajram parvient à donner à ses héros une sincérité qui les rend
crédibles et touchants, en particulier dans une belle scène autour du cercueil de Balti, où quelques souvenirs fugitifs
traversent l'esprit de chacun des protagonistes.
Ce second album tient donc toutes les promesses du premier. Nous avons beaucoup appris sur le Mur,
mais nous ignorons encore qui ou quoi a déclenché les hostilités, et le parallèle avec la Genèse nous promet des révélations
surprenantes... Vivement la suite !
Pascal Patoz nooSFere
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