Nous l'avons appris dans le premier tome : Gordrom est un méchant. La plupart des autres personnages sont des gentils qui vont intriguer, comploter et combattre pour que la justice triomphe et pour que cesse l'odieuse dictature. Dans le précédent tome, les parallèles avec le passé des personnages apportaient un éclairage intéressant à leurs relations. En leur absence, l'intrigue de ce deuxième volume devient plus plate. Le scénario roule gentiment, sans grande surprise. On le suit sans déplaisir, mais sans réel enthousiasme non plus : une série honnête, distrayante, oubliable.
Finalement, ce sont les huit pages finales – Esquisses et Journal de bord – qui retiendront le plus l'attention. Gaudin y exprime ses projets, ses méthodes de travail, ses doutes... « L'idée du gant de l'oubli nous réjouit. Jouer sur les faux-semblants et les changements d'identité des personnages nous promet de nombreux rebondissements... » écrit-il. Sans doute, mais n'est-ce pas l'un des ressorts habituels de nombreux romans d'aventures basés sur le travestissement ? Certes le gant peut servir à plusieurs personnes, augmentant le nombre des possibilités, mais ce procédé risque de devenir répétitif. Le scénariste veut éviter certaines facilités, comme l'utilisation de la magie pour régler les problèmes de scénario. « Tout est disséqué, passé au crible. » « L'album avance avec toujours la même rigueur. » « Nous essayons de pousser chaque scène aussi loin que possible. » On sent à quel point le projet lui tient à cœur. On imagine les heures de travail, les séances de réflexion, les périodes d'enthousiasme ou de découragement. Et au bout du compte ? « Le lecteur sera le seul juge. » Un juge impatient et blasé qui risque de ne voir dans cet album qu'un récit d'aventures de plus, sympathique et divertissant, mais sans relief particulier. On souhaiterait pouvoir se montrer plus enthousiaste, en raison de l'évidente sincérité des auteurs, mais les goûts ne se commandent guère...
Pascal Patoz nooSFere 17/06/2001
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