En 1777, le soldat Lachlan Macquarrie disparaît au cours d'une bataille contre les indiens Oneidas, comme happé par un mystérieux rayon. En 1954, le cadavre d'un homme qui pourrait être un habit rouge du XVIIIème siècle est « déposé » par le même rayon. En sa double qualité de descendant de Macquarrie et de scientifique, Philip Mortimer est convoqué pour identifier l'homme, jalousement gardé par la « Section d'études des OVNI ». Les extraterrestres sont-ils parmi nous ?
Ne cherchons pas à savoir s'il fallait écrire de nouvelles aventures pour les personnages de Jacobs : cette polémique divisera à jamais deux clans irréconciliables. De même, les opinions divergent sur la nécessité de respecter scrupuleusement le graphisme et les tics de Jacobs, notamment ses longs pavés explicatifs et redondants. A titre personnel, j'apprécie ce respect, y compris des « défauts » de Jacobs, considérant que s'il fallait « moderniser » la série, il serait plus honnête de créer de nouveaux personnages : évidemment, ce serait plus risqué, la série fonctionnant essentiellement grâce à la nostalgie des lecteurs de Jacobs.
Après deux albums tournés vers l'espionnage, L'étrange rendez-vous renoue enfin avec la veine science-fictive qui a toujours sous-tendu l'œuvre de Jacobs. Van Hamme choisit d'aborder l'ufologie – ce qui permet à Mortimer de découvrir l'Amérique, patrie des X-files – ainsi que le voyage temporel, comme dans Le Piège diabolique, et l'utilisation de rayonnements agissant sur le cerveau, comme dans La Marque jaune. Nous y retrouvons Olrik, toujours aussi inefficace – il serait temps de changer de méchant – mais aussi l'empereur Basam Damdu, l'empereur « mort » à la fin du Secret de l'Espadon. Les méchants « jaunes » s'allient cette fois aux non moins méchants « verts », particulièrement laids.
L'épisode se lit avec un plaisir certain, car une nouvelle fois, le pastiche est irréprochable. En revanche, on ne s'attardera pas trop à la qualité de l'intrigue. Le lecteur ressent une forte impression de déjà vu/lu, alors que Jacobs avait le mérite d'être un pionnier. Il se dégage une touche de naïveté qui amuse chez Jacobs mais que l'on a du mal à accepter d'un ouvrage contemporain : c'est peut-être pousser le pastiche un peu loin. Il est par exemple difficilement concevable que l'absurdité du projet des « extraterrestres » ne leur apparaisse pas évidente. De plus, l'absence totale de réflexion sur un possible paradoxe temporel est très regrettable. Le scénariste se garde d'ailleurs d'explorer plus avant les conséquences de l'histoire, pour terminer par des scènes d'action pure qui coupent court aux interrogations.
Bref, le plaisir de la nostalgie fonctionne toujours. Sans plus.
Pascal Patoz nooSFere 20/10/2001
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