Décidément, Denis Bajram frappe fort. La couverture de ce nouvel album a déjà beaucoup fait parler d'elle. Dessinée en mai 2001, cette image où Statue de la Liberté, buildings et cadavres tournoient dans l'espace, s'est évidemment chargée d'une lourde signification au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Au point qu'une petite controverse a divisé l'opinion : fallait-il conserver ou non cette couverture ? Controverse un peu stérile dans la mesure où cette image colle parfaitement au récit – sans rapport avec les attentats – et où l'on ne peut accuser l'auteur d'avoir voulu « récupérer » l'actualité.
Mais oublions cette dernière. Si Bajram frappe fort, c'est davantage dans l'œuvre elle-même, un splendide mélange de hard science, de space opera et de time opera, où évoluent des personnages attachants, des hommes et des femmes somme toute ordinaires, assez éloignés des héros et des « élus » habituels, mais dont les caractères se complexifient au fil des albums. Dense, intelligent et spectaculaire, le scénario mêle ainsi de solides histoires d'amour et d'amitié à une vertigineuse boucle temporelle et à une « guerre très éloignée de ce que l'on entend habituellement par ce terme.
La fin apocalyptique est inattendue. Jusqu'au bout, on imagine qu'un miracle va survenir pour sauver la Terre, même si la couverture était là pour nous détromper. L'Apocalypse aura bien lieu en de superbes planches absolument époustouflantes... Deux albums sont encore à venir. Comment Bajram va-t-il se sortir de là ? Maintenant que le déluge a eu lieu, comment va se passer la sauvegarde de la civilisation ? Un nouveau voyage temporel ?
Pascal Patoz nooSFere 15/02/2002
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