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Album
Héraclès
Série : Socrate le Demi-chien    tome 1  Album suivant

Scénario : Joann SFAR
Dessins : Christophe BLAIN
Couleurs : Audré JARDEL

Dargaud , coll. Poisson Pilote, janvier 2002
 
Cartonné
Format 295 x 225
48  pages  Couleurs
ISBN 2-205-05070-2
Voir une planche.
 
Quatrième de couverture
     « L'espèce humaine se divise en deux genres : les hommes qui sont semblables à mon maître... et les femmes qui leur ressemblent beaucoup.
     Mais les infimes différences qui séparent ces deux genres semblent affoler mon maître.
     Il n'est pas lui-même quand il leur parle. »
 
Critiques
      Pourquoi ne fais-tu pas Ouah ! Ouah ! comme les autres chiens ?
      C'est au-dessus de mes forces, maître.

     Paru en même temps que l'excellentissime Chat du rabbin, de Joann Sfar seul, Socrate le demi-chien en est le pendant canin. Le narrateur est toujours un animal qui communique avec son maître – cette fois le chien d'Héraclès – , ses réflexions intérieures constituent là aussi l'essentiel du texte, les planches comportent les mêmes immuables six cases approximativement carrées, etc.
     Mais alors que le Chat possède une véritable intrigue sur laquelle se greffe la fable philosophique, celle de Socrate s'avère beaucoup plus lâche. Chaque planche présente en fait un commentaire à la fois humoristique et philosophique qui se suffit à lui-même. Pour accentuer cette autonomie, les décors et les couleurs de chaque page tranchent d'ailleurs fortement avec ceux des pages voisines.
     On peut ainsi feuilleter l'album au hasard pour y lire ici un paradoxe sur la liberté : « Mon maître n'a pas de maison. Nous nous levons avec le soleil et nous allons où bon nous semble. Il n'a pas de fortune. Jamais il n'achète ni ne vend quoi que ce soit. On chasse, on pêche, on cueille, c'est gratuit. Mon maître est un homme libre. Quelle joie, pour un chien, d'être libre grâce à son maître ! » (pl.19), là une illustration du machisme ordinaire : « Chez les chiens, on fait ça comme on veut, quand on veut. Chez les hommes, non. On ne va pas voir une femme comme ça et hop ! Enfin un homme peut, mais une femme, non. C'est ce que mon maître m'a expliqué. Parce que quand c'est une femme, m'a-t-il dit, c'est grave. » (pl.24)
     Sfar épingle ainsi avec légèreté et sensibilité la condition humaine et en particulier les relations amoureuses, la dépendance ou la soumission des êtres, le statut du héros (« C'est ça un héros. Un homme qui n'a pas conscience de sa petitesse. » pl.26) ou celui du philosophe (« – Es-tu philosophe ou non ? – Justement, mon rôle consiste à entériner les évolutions de la société. Si je les suscitais par ma prose, je ne serais qu'un agitateur. » pl.31). C'est volontiers sensuel, souvent très drôle, toujours intelligent. De véritables perles fines...

     Ainsi, même si l'album semble au bout du compte moins abouti que Le Chat du rabbin – probablement en raison de l'absence volontaire d'une progression dramatique – , Socrate est tout de même un véritable régal de subtilité, qui supporte bien plus d'une relecture.

Pascal Patoz          
nooSFere          
02/04/2002          


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