Inutile d'y revenir, les critiques des précédents albums ont déjà largement insisté sur l'intérêt exceptionnel de cette série, probablement l'une des plus originales de ces dernières années. Graphisme, cadrages, narration, intrigue, tout concourt à la création d'un univers de plus en plus étrange et dont les lois nous échappent. Certes, nous connaissons désormais la nature d'Arq et celle des cinq personnages qui y errent, mais bien des mystères subsistent et il demeure impossible de deviner où Andréas souhaite nous conduire.
Le Réveil dont il est question dans ce sixième tome est celui de la créature humanoïde qu'est Arq. Le récit demeure éclaté et très lent, laissant à Andréas le temps d'explorer graphiquement chacune des différentes parties qui le composent. Ainsi, la première moitié de l'album ne comporte quasiment aucun texte ni dialogue, au profit du seul dessin, magnifique comme de coutume. L'itinéraire doublement intérieur des personnages – à l'intérieur d'Arq et à l'intérieur d'eux-mêmes – se poursuit par petites touches, formant un parcours parfois déroutant et difficile à suivre mais toujours passionnant.
Arq se réveille enfin et disparaît aussitôt : mince, nous voilà condamnés à attendre la suite pour savoir ce que va devenir tout ce petit monde... Certains lecteurs pourront sans doute se lasser et juger qu'on tourne en rond, mais pour les amateurs, le voyage proposé par Arq est incomparable.
Pascal Patoz nooSFere 02/04/2002
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