Après leur arrivée périlleuse sur Betelgeuse, Kim et ses compagnons explorent cette planète, en quête de réponses sur ses habitants les plus surprenants, les lums. Une expédition est alors organisée dans les profonds et sauvages canyons de Betelgeuse.

     C'est dans ce milieu hostile que Kim découvrira que le danger n'est pas forcément là où on l'attend...

     Bételgeuse... Encore une fois, exotisme et merveilleux sont au programme de ce splendide planet opera à l'atmosphère unique. L'expédition nous invite en effet à « une expérience fascinante, découvrir une planète inconnue en descendant une rivière dans un radeau » (p.5) « Les paysages sont magnifiques. Tout est immense, majestueux. » ajoute l'auteur avec raison.

     Mais cette expédition n'est pas qu'un voyage touristique lancé à la découverte d'une faune et d'une flore toujours plus étonnantes. L'enjeu est même de taille, puisqu'il s'agit de déterminer si les Iums sont intelligents. En effet, la présence sur Bételgeuse d'une race autochtone suffisamment « évoluée » nécessiterait l'annulation de la colonisation prévue par les terriens, ce qui n'est pas forcément du goût des investisseurs.

     C'est la raison pour laquelle Kim va s'engager dans ce périple, en compagnie de quelques représentants des deux groupes qui ont survécus sur la planète après la tragédie du vaisseau spatial Konstantin Tsiolkowsky : une cohabitation difficile car le groupe du désert et celui du canyon sont très opposés dans leurs idéaux et leurs comportements. Kim devra même subir la présence de Dixon, un odieux personnage qui considère avoir tous les droits sur cette planète et se comporte comme « un colon anglais en Afrique au XIXe siècle ». Au point de confondre voyage d'étude et safari...

     Mais qu'est-ce que l'intelligence ? La charte de l'ONU précise qu' « une race intelligente sait maîtriser le feu et fabriquer des outils. » (p.14) Cela peut-il s'appliquer au Iums qui possèdent une « pile énergétique ventrale » leur permettant de survivre sans rien manger ? Sans bouche ni appareil digestif, mais dotés d'un épais pelage, à quoi leur servirait de maîtriser le feu puisqu'ils n'ont pas à se préparer d'aliments ni à se réchauffer ? Et pourquoi auraient-ils besoin d'outils alors que leurs quatre membres — pourtant dépourvus d'os ! — sont déjà très performants.

     La découverte de l'Autre est peut-être le thème majeur de la SF. Plus l'Autre est différent, plus se pose la question de ce qu'est l'humain. Leo l'a bien compris en peuplant ses albums de créatures insolites, totalement étrangères et pourtant étonnamment proches et touchantes. Outre les Iums, nous retrouvons également une mantrisse, cet être fabuleux qui dépasse l'entendement humain. La mantrisse d'Aldébaran fournissait à quelques individus des pilules les empêchant de vieillir, dans un but inconnu. Pourquoi celle de Bételgeuse — est-ce une deuxième mantrisse ou une autre incarnation d'une unique créature ? — vient-elle se présenter à Kim ?

     L'humanisme de cette étonnante balade — dont le rythme assez lent permet de prendre le temps de découvrir un nouveau monde mais aussi aux personnages de s'aimer ou de se détester — est d'autant plus sensible que l'homme y est confronté à un univers aux richesses insoupçonnées où il pourrait bien finalement trouver sa véritable place. Chez Leo, l'aventure et l'exotisme ne sont décidément pas incompatible avec la réflexion, le mystère et la poésie. Superbe !