L'initiation d'Hyacinthe se poursuit par la découverte des tristes réalités de l'amour, cet amour qui le rend benêt face à la belle Alexandra. Il apprend par exemple que lorsque l'on fréquente une fille aussi peu recommandable, ça brûle ensuite quand on fait pipi. Il découvre aussi que l'amour qui illumine la vie de la jeune Gabrielle Olivet peut être aveugle, et que son fiancé peut en réalité avoir une conception plus libre qu'elle de ce noble sentiment... Bref, l'amour est une chose complexe, pas toujours aussi belle qu'on l'imagine dans ses rêves d'enfant. Avec cette Jeunesse qui s'enfuit, Hyacinthe apprend la désillusion, qui ne l'empêche pourtant pas de rester fasciné par Alexandra, comme le montre la dernière planche.
Outre cette réflexion sur l'amour, les auteurs esquissent une amusante satire de la justice et des avocats, notamment avec la société des lapins dont les lois sont surtout « fondées sur l'arbitraire », ce qui rend d'office toute tentative de plaidoirie caduque.
L'époque Potron-minet nous ramène à certaines des sources de la Fantasy, c'est à dire aux contes philosophiques et aux romans d'initiations. C'est sans doute dans cette sous-série que l'influence de Sfar est la plus sensible : l'inspiration est proche de certaines de ses œuvres en solo, comme Le Minuscule mousquetaire ou Le Chat du rabbin. L'humour s'y fait subtil, tout comme le discours philosophique sous-jacent. En outre, cette époque a la chance de bénéficier du superbe encrage de Christophe Blain — indiscutablement mon dessinateur préféré de l'ensemble des Donjon.
Bref, voilà un des meilleurs albums de la série.
Pascal Patoz nooSFere 15/07/2003
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