La chemise de la nuit est probablement le meilleur album de tous les Donjon, série multiple dont il est difficile de suivre le rythme de production. En effet, les aventures du jeune canard Hyacinthe parodient avec une très grande finesse les romans d'apprentissage et les feuilletons populaires de vengeurs masqués.
Dans ce second tome, Hyacinthe demeure un héros maladroit mais généreux, particulièrement touchant car toujours confrontés à des choix impossibles. Doit-il obéir à son oncle et mettre en péril la vie de son maître ? Ou prévenir ce dernier et passer pour un traître auprès de celui qui l'héberge ? De même, doit-il aimer la douce mais fade Elise, ou continuer à soupirer pour l'inaccessible et cruelle Alexandra ? « On ne badine pas avec l'amour », pense le pauvre Hyacinthe, comme le fera Musset en son temps.
Comme on le voit, la parodie touche aussi le roman sentimental. Elle est réussie car l'histoire est écrite avec beaucoup de justesse et de tendresse. Ainsi les gags pourtant incessants ne désamorcent jamais l'émotion ressentie et on vibre avec Hyacinthe au cours de ses multiples tribulations.
Enfin, le dessin de Blain est tout simplement magique. Faussement naïf, mais très expressif, il apporte plus de vérité au récit que ne le ferait un dessin réaliste. L'encrage appuyé assombrit l'ambiance et contribue à l'impression de gravité à peine contredite par l'humour omniprésent et souvent délirant.
Bref, ce deuxième tome est du même niveau que le précédent : extraordinaire !
Pascal Patoz nooSFere 17/06/2001
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