« — Cette forêt a la réputation d'être pourrie d'humains. — La sous-race qui a fait sa réputation en réveillant le ver qui a détruit une cité entière dans le sud ? — Celle-là même ! On les dit fourbes, vicieux et sans pitié... mais personne n'a jamais survécu à leurs guet-apens pour confirmer. »
Les humains se sont multipliés et ils célèbrent la première naissance de la sixième génération après Fidel et Larve. Ces derniers sont toujours en vie, car ils bénéficient encore de la longévité exceptionnelle de leurs parents troll et gobelin. En revanche, leurs descendants ont la courte survie de la race humaine. Fidel cherche sans relâche la terre promise où les humains pourraient s'installer et vivre en paix. Mais aucun des territoires visités ne convient, et Akka est toujours sur leurs traces, bien décidé à les massacrer jusqu'au dernier... Curieuse ambiance pour ce cinquième album marqué par les cycles de vie et de mort, ce qui lui confère une atmosphère intimiste, même lorsque le combat fait rage. Comme le suggérait la transition amorcée dans le précédent tome (voir la critique de En vers et contre tous), l'humour a progressivement laissé la place à l'émotion. Mais si cette transition semblait hésitante dans le tome 4, elle s'est cette fois affirmée de manière plus convaincante. Par exemple, même le troll Mangog et le gobelin Albrecht, dans leur rôle d'ancêtres, sont davantage touchants que cocasses. Et finalement la série y gagne en intensité et en richesse. A noter également une surprise avec l'apparition du clonage comme thème secondaire de la série. Là aussi, on peut constater que le scénariste sait faire évoluer les personnages, puisque deux méchants sont à cette occasion devenus des papas-poules. Au total, bien que — ou parce que — très différent de la première trilogie, ce deuxième cycle parvient à lever les réticences initiales, d'autant que le dessin de Thomas Labourot se montre à la hauteur de cet univers de fantasy somme toute assez original — ne serait-ce que par l'inversion des valeurs qui fait des humains les véritables monstres de cette planète. De toute évidence, Troll s'impose comme l'une des séries phares de la collection.
Pascal Patoz nooSFere 01/10/2004
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