« — Ouhlala ! on va se gaver, Corne Bleue ! Les réserves de Sogrom des Epancheurs, j'en ai toujours rêvé !

     — Touche pas au Sogrom, petit Schnoubouf, nous en avons besoin pour accomplir le plan !

     — Même si je me remplissais complètement la panse, il resterait de quoi accomplir dix fois ton plan ! Tu ne connais pas Borlan, ses stocks sont inimaginables...

     — C'est ton appétit qui est inimaginable, petit Schnoubouf !

     — Corne Bleue ! Je ne vois pas pourquoi j'accepterais les remarques d'un Schnoubouf aux yeux de jade explosés de Sogrom ! Aide-nous plutôt avec ton flair : je sens que les réserves sont toutes proches ! » 

     Avec l'aide de l'incontrôlable Garde-fous, Madalis renverse l'empereur et emprisonne son maléfique bouffon. Désormais, rien ne semble pouvoir l'arrêter dans son projet démentiel de fusionner toute matière en un « grand tout », de manière à ce que l'humanité désincarnée atteigne un stade supérieur de conscience et devienne éternelle...

     Au fil des albums, l'univers de Thorinth ne cesse de surprendre, tant par l'originalité du scénario que par celle du dessin. Drogue et folie continuent à mener le bal, dans un monde halluciné, peuplé d'individus grotesques et/ou effrayants, sans que l'intrigue ne perde jamais sa cohérence — ni son humour. Et Fructus poursuit son oeuvre graphique exceptionnelle, dont l'ambiance fantasmatique — accentuée par les flous de certains visages et de nombreux décors — s'oppose au réalisme des créatures fantastiques.

     Une oeuvre baignée de folie, unique, incomparable, et donc essentielle.