Le mousquetaire — dont la « minusculitude » n'a plus guère d'importance dans un monde à son échelle — continue à se voir ballotté au gré du vent et du hasard, d'île en île et surtout de femme en femme...
L'intrigue n'est évidemment pas racontable, car il s'agit d'une suite d'anecdotes qu'on pourrait qualifier de « sans queue ni tête » s'il n'y avait autant de queues... ni autant d'esprit. Dans ce troisième tome, la philosophie se fait cependant plus discrète, au profit de l'amour et du sexe. La morale s'avère limpide : « Imaginons la même existence sans ma bite. Tout serait si simple. » (p.18) Le lecteur qui n'apprécie que les récits solidement structurés ne trouvera sans doute pas son compte dans ces péripéties décousues et joyeusement paillardes — mais souvent teintées de mélancolies — , dont le seul fil conducteur semble être la fantaisie de l'auteur. De même, le lecteur qui considère que la BD demeure un genre réservé aux plus jeunes sera peut-être choqué par l'érotisme cru — mais jamais vulgaire — qui enlumine ces pages. Quant aux autres, ceux qui ne seront effrayés ni par la gracieuse désinvolture du trait et de la narration, ni par un libertinage de bon aloi, par exemple ceux qui ont déjà été conquis par le non moins truculent mais plus respectable Chat du rabbin, ils continueront à se laisser balader avec délectation dans les merveilleux univers « sfariens ».
On notera dans les deux dernières planches l'irruption d'un prince d'Angoulême nommé Louis Le Trondable, prêt à en découdre avec un certain Monsieur Lerclerc. Les amateurs auront fait le rapprochement avec l'arrivée de Lewis Trondheim à la tête d'un célèbre festival charentais. Voilà qui promet un quatrième album — qui s'intitulera La Bataille d'Angoulême — riche en allusions référentielles.
Pascal Patoz nooSFere 10/09/2006
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