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Album
Les Spectres d'Inverloch
Série : Valérian, Agent Spatio-temporel    Album précédent tome 11  Album suivant

Scénario : Pierre CHRISTIN
Dessins : Jean-Claude MEZIERES

Dargaud , 1984
 

 
Critiques
     Comme pour Métro Châtelet et Brooklyn Station, les auteurs ont conçu avec Les spectres... et sa suite à paraître (Les foudres d'Hypsis) une aventure en deux épisodes, qui témoigne de l'épanouissement d'une série qui est une des plus anciennes, des plus durables, des plus solides, des plus indispensables que la SF dessinée nous ait données, et qui reste en même temps une des plus imprévisibles, des plus surprenantes. Beaucoup de superlatifs ? Mézières n'est sans doute pas le meilleur dessinateur du monde ; Christin est un scénariste hors-pair, mais peut-être sent-on parfois un peu trop sous son texte et ses canevas la démonstration, la référence... Pourtant, les deux compères, ensemble, nous livrent un produit (je veux dire créent une œuvre) qui est chaque fois, et de plus en plus, une évidence.
     Peut-être est-ce pour prendre du champ, ou pour tourner une ankylose qui menacerait à travers un métier possédé sur le bout de la plume et de la machine à écrire, que Mézières et Christin, pour la seconde fois, sortent du cadre de 46 planches ? Les spectres d'Inverloch, plus encore que le double album précédent, semble témoigner de ces tentations contraires : ici, à la fois Mézières et Christin font retour vers leur début (La cité des eaux mouvantes, avec son superbe New York Englouti) et font route vers leur dépassement. Car Les spectres peut être lu comme la bande-annonce d'une gigantesque épopée à venir (avec l'enchaînement de ses séquences alternées, stellaires et banalement terrestres), comme la revisitation très distancée des archétypes d'un space opera très usité, comme (enfin et surtout) l'effritement nostalgique d'une SF qu'on ne peut plus tout à fait élaborer comme jadis (« Tout s'estompe déjà, tout devient flou (...) Ho, ces lieux (...) rongés par l'oubli précoce et le gris »... murmure le maître de Galaxity en parcourant la mégalopole envahie par le brouillard temporel).
     Bande-annonce alors, si on veut. Car malgré cette thématique de la nostalgie qui pointe (mais pas des « fins de série », espérons-le !), chaque séquence est au contraire le témoignage d'une belle santé : humour très scheckleyen lors de la chasse au glapum'tien, avec un Valérian plus désabusé que jamais (et création d'un « monstre » étonnant qui est la face aimable de la créature d'Alien), tranche de vie délicieusement anglaise avec le voyage de « monsieur Albert », épisode urbain-galactique à la William Tenn, clin d'œil obligé à la C.I.A. lors d'une séquence à la Conservation secrète ou à L'Osterman week-end, etc. Bref tout y passe, et c'est l'aspect patchwork de l'album qui lui donne sa respiration décalée, insolite, son suspense aussi. Car... « que va-t-il se passer » ? Toute idéologie, toute esthétique bues, c'est bien la question qu'on se pose à la fin de l'album, et qui prime toutes les autres. Alors vite, Mézières et Christin, la suite ! Et d'autres suites !

Jean-Pierre Andrevon          
Fiction n°354          
01/09/1984          


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