En 1950 paraissait aux Etats-Unis un court récit qui devait marquer une date dans le fantatstique moderne, en y introduisant un « frisson nouveau ». Ce récit s'intitulait Born of man and woman et fut ultérieurement traduit en France sous le titre Journal d'un monstre. Son auteur se nommait Richard Matheson. Il était âgé de 23 ans. Depuis Journal d'un monstre est devenu un classique et Matheson un maître dans son domaine. Sa spécialité, c'est de jouer sur les divers registres de ce qu'on appelle la terreur, en orchestrant des gammes qui vont du bizarre au macabre, de l'insolite en sourdine au cauchemar grand-guignolesque, le tout avec un penchant avoué pour la dissection psychologique axée sur le morbide. En bref, Richard Matheson traite donc de l'horreur sous toutes ses formes, la plus viscérale comme la plus intellectuelle. Fantastique et science-fiction étant deux genres qui lui conviennent identiquement, dès lors qu'il s'agit de susciter la peur, le malaise, de faire naître l'inquiétude ou l'angoisse avec tous les raffinements d'une imagination nourrie de fantasmes. Mais, à vrai dire, la véritable nature de son oeuvre est ailleurs, aussi loin des conventions de la science-fiction que de celles du fantastique. Elle est dans l'expression des névroses profondes, dans l'affrontement de l'homme avec les spectres nés de son inconscient, dans l'énoncé des cauchemars dont l'étau kafkaïen se referme sur des héros en proie aux affres du doute et de la frustation. C'est en ce sens que cette oeuvre gardera une portée et une permanence. En ce sens aussi qu'elle a permis à Matheson de se montrer un grand écrivain.
Pour la première fois dans cette collection, ce volume est consacré à un panorama de la production d'un unique auteur, depuis ses débuts jusqu'à maintenant. On y trouvera rassemblés dix-huit récits de Richard Matheson, présentés dans l'ordre chronologique. Le plus ancien est de 1950, le plus récent de 1969. Tous sont significatifs de leur auteur. Ils ne suffisent pas à rendre compte de l'étendue de son talent. Tout au moins permettent-ils d'en avoir une vision cohérente faute d'être réellement exhaustive.
1 - Alain DORÉMIEUX, Préface, pages 9 à 14, préface 2 - Quand le veilleur s'endort (When the Waker Sleeps / The Waker Dreams, 1950), pages 15 à 34, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 3 - La Robe de soie blanche (Dress of White Silk, 1951), pages 35 à 42, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 4 - Mamour, quand tu es près de moi (Lover When You're Near Me, 1952), pages 43 à 72, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 5 - Escamotage (Disappearing Act, 1953), pages 73 à 92, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 6 - Une maison de haut vol (Shipshape Home, 1952), pages 93 à 118, nouvelle, trad. Pierre BILLON 7 - Nef de mort (Death Ship, 1953), pages 119 à 146, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 8 - Cher journal (Dear Diary, 1954), pages 147 à 152, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 9 - Cycle de survie (Pattern for Survival, 1955), pages 153 à 160, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 10 - Danse macabre (Dance of the Dead, 1955), pages 161 à 180, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 11 - Une histoire mémorable (One for the Books, 1955), pages 181 à 204, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 12 - Jours disparus (Old Haunts, 1957), pages 205 à 216, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 13 - Au bord du précipice (The Edge, 1958), pages 217 à 232, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 14 - Deus ex machina (Deus Ex Machina, 1963), pages 233 à 244, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 15 - La Fille de mes rêves (Girl of My Dreams, 1963), pages 245 à 262, nouvelle, trad. Christine RENARD 16 - Onde de choc (Crescendo / Shock Wave, 1963), pages 263 à 278, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 17 - Appuyez sur le bouton (Button, Button, 1970), pages 279 à 290, nouvelle, trad. René LATHIÈRE 18 - Thérèse (Therese / Needle in the Heart, 1969), pages 291 à 296, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 19 - Gibier (Prey, 1969), pages 297 à 312, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH