DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 614 Dépôt légal : septembre 1999 Recueil de nouvelles, 256 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-207-24949-2 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Science-Fiction
Abondamment publié en France dans Fiction et chez Néo (deux recueils), Robert F. Young est un des géants méconnus du genre. Outre-Atlantique, il est considéré par la critique comme aussi important que Ray Bradbury, avec lequel il partage le goût d'une science-fiction poétique et humaniste.
Alors que le jeune Starfinder est sur le point de détruire le centre nerveux d'une baleine spatiale, dont on destine la carcasse à la cybernétisation, et donc au vol commercial, il se lie d'amitié avec l'animal. Ensemble, ils prennent la route des étoiles pour vivre mille aventures, affronter tous les dangers et rencontrer l'amour éternel.
Baleinier de la nuit est un des classiques de la science-fiction, un des grands romans d'aventures du genre, dans la lignée de Terminus les étoiles d'Alfred Bester.
1 - L'Homme dans la Lune (The Man in the Moon, 1969), pages 8 à 33, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 2 - Le Cimetière des baleines spatiales (Starscape with Frieze of Dreams / The Spacewhale Graveyard, 1970), pages 34 à 61, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 3 - Aréopage (Abyss of Tartarus / Areopagus, 1971), pages 62 à 84, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 4 - Epave flottante (Flotsam, 1980), pages 85 à 97, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 5 - Sous l'océan peint ("The Mindanao Deep" / Beneath the Painted Ocean, 1980), pages 98 à 118, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 6 - Où Ciely fait son entrée (The Star Eel / Enter Ciely, 1977), pages 119 à 141, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 7 - La Haute bourgeoisie (The Haute Bourgeoisie, 1980), pages 142 à 170, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 8 - La Rose (The Rose, 1980), pages 171 à 184, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 9 - La Baleine de l'espace-temps (Spacewhale, Space-Time, 1980), pages 185 à 204, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 10 - Dans la crypte (In the Crypt, 1980), pages 205 à 230, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 11 - Largué (Jetsam, 1980), pages 231 à 247, nouvelle, trad. Françoise MAILLET 12 - La Compagnie de destruction (The Construction Company, 1980), pages 248 à 254, nouvelle, trad. Françoise MAILLET
Critiques
Voici la réédition d'un roman paru en 1980, initialement sorti en France aux Nouvelles Éditions Opta. Ceci explique un ton très différent de la SF de ces dernières années. Qualifié de « space-opera romantique » par The Encyclopedia of Science Fiction de John Clute & Peter Nicholls, Baleinier de la nuit est un roman atypique et très onirique. Le texte en est émaillé de symboles qui transcrivent des échanges télépathiques entre Starfinder, qui a fui sa planète, et une baleine spatiale, elle aussi évadée. Ces créatures, lointaines descendantes des mammifères marins de la Terre, sont utilisées pour leurs capacités à voyager dans l'espace et dans le temps. Mi-animales mi-machines, douées d'ingelligence, elles sont impitoyablement traquées car elles doivent être tuées avant d'être utilisables. Starfinder est un ancien Jonas — un exécuteur de baleines. Sa personnalité est double : par moment, un autre lui-même, le Moine fou, héritage de son enfance dans une secte essénienne très austère, prend le dessus. Il en résulte une aversion pour le sexe qui fait de lui la victime de quolibets. Sa rencontre avec une baleine encore miraculeusement vivante marque un tournant. Un lien très fort se tisse entre eux et ils sillonnent ensemble le temps.
Baleinier de la nuit est un beau roman touchant, poétique, envoûtant. Il peut paraître déroutant au début, mais il suffit pour l'apprécier de se laisser emporter par l'imaginaire de son auteur. Le récit fourmille de références mythologiques, littéraires, historiques, et l'ensemble compose un tableau original, un univers très personnel. C'est une science-fiction mâtinée de philosophie que nous propose Young, qui incite à la rêverie autant qu'à la réflexion. Une curiosité qui nous rappelle que la science-fiction a de multiples visages.
Comme vous le savez, à Bifrost, nous aimons les petits maîtres de la SF. Vous aussi, je n'en doute pas. On me dit que vous êtes plusieurs centaines de milliers à suivre assidûment la rubrique d'André-François Ruaud. C'est bien. La réédition de Baleinier de la nuit devrait donc vous réjouir autant que nous. Robert F. Young eut en France sa petite heure de gloire, grâce aux efforts éditoriaux d'Alain Dorémieux, Jean-Pierre Fontana ou Daniel Walther. Malheureusement, depuis sa mort en 1986, il a quasiment disparu des rayonnages comme des sommaires des revues et anthologies. D'où la joie de le voir reparaître aujourd'hui.
Reconnaissons-le, Robert F. Young doit avant tout sa (modeste) réputation à ses nouvelles. Venu sur le tard au roman (son premier, La Quête de la Sainte Grille, est publié alors qu'il a déjà soixante ans), les cinq qu'il a écrit — deux restent inédits chez nous — n'ont pas laissé un souvenir impérissable. Excepté ce Baleinier de la nuit, unanimement reconnu comme étant le plus réussi. Ce roman trouve son origine dans une nouvelle de 1962, Le Léviathan de l'espace (in Fiction no 110, repris dans le recueil éponyme paru chez Néo en 1984), récit sympathique sinon convaincant d'un homme découvrant dans une immense baleine spatiale une société humaine archaïque — c'est-à-dire semblable à notre XXe siècle.
En s'intéressant à nouveau à ces monstrueuses créatures cosmiques, capables de voyager aussi bien dans l'espace que dans le temps, et que les humains tuent pour les transformer en navires, Robert F Young a adopté un ton beaucoup plus sombre. John Starfinder est l'un des chasseurs de baleines les plus réputés. L'un des plus instables aussi. Sa vie bascule lorsque, après avoir assassiné l'immortelle qu'il devait épouser, il est contacté par une baleine, retenue sur un chantier spatial mais toujours vivante. La créature lui propose un marché : si Starfinder l'aide à s'échapper, elle deviendra son esclave. L'accord est conclu, l'histoire peut réellement commencer.
Dans un premier temps, les aventures de John Starfinder semblent se suivre sans vraiment avoir de lien entre elles : il est attaqué par trois êtres mythiques, cause la perte d'une naufragée spatiale qu'il voulait sauver, recueille à bord de la baleine une adolescente perdue. Mais par la suite, et grâce à quelques voyages temporels plus ou moins volontaires, les différents fils de la trame se nouent et l'intrigue apparaît dans toute sa cohérence. Au final, Baleinier de la nuit se révèle être une belle réussite, et sa réédition on ne peut plus heureuse.