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Cailloux dans le ciel

Isaac ASIMOV

Titre original : Pebble in the Sky, 1950
Première parution : États-Unis, New York : Doubleday, 19 janvier 1950
Cycle : Empire (Cycle de l') vol. 1 

Traduction de Michel DEUTSCH
Illustration de Wojtek SIUDMAK

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (1970 - 1984, 1ère série) n° 552
Dépôt légal : 3ème trimestre 1974, Achevé d'imprimer : 5 septembre 1974
Réédition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : néant
Format : 11,0 x 16,5 cm
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   HACHETTE / GALLIMARD, 1953
   J'AI LU, 1974, 1977, 1981, 1983, 1985, 1989, 1992, 1995, 2001, 2014
   in Le Grand livre des robots - 2 : La gloire de Trantor, OMNIBUS, 2000
   in Le Grand livre des robots - 2 : La gloire de Trantor, 2003
   in Le Grand livre des robots - 2 : La gloire de Trantor, PRESSES DE LA CITÉ, 1991

Quatrième de couverture
     Isaac Asimov est né, à Smolensk (U.R.S.S.) en 1920. Il est natura­lisé américain et a conquis dans ce pays d'importants grades uni­versitaires en biologie et en chimie. Parallèlement à son activité scien­tifique, il mène, depuis 1939, une carrière d'écrivain, à la fois dans le domaine de l'anticipation et dans celui de la vulgarisation scienti­fique.
 
     Pour Joseph Schwartz, la chose arriva à l'instant où il avait un pied en l'air. Il se trouvait dans la ban­lieue de Chicago et s'apprêtait à enjamber une poupée de chiffon. Lorsqu'il reposa le pied, après avoir éprouvé une fugitive impression de vertige, sa chaussure s'enfonça dans l'herbe. Il était alors dans une forêt.
     Ce qu'ignorait Joseph Schwartz, c'est qu'il ne s'était pas déplacé dans l'espace, mais qu'il avait effec­tué un immense bond dans le temps. Désormais, la Terre n'était plus qu'une petite planète d'intérêt stratégique secondaire dans l'im­mense empire galactique dirigé de­puis Trantor.
     La présence d'un homme venu du passé ne va-t-elle pas modifier les rapports de force existant entre les Terriens et la garnison de soldats impériaux ?
Critiques
 
[ critique commune de deux romans : La ville sous Globe par Edmond Hamilton, Le Masque science-fiction et Cailloux dans le ciel par Isaac Asimov, J'ai Lu ]
note nooSFere

     Le hasard des programmes ou le Seigneur de la science-fiction ont voulu que deux des meilleurs titres du Rayon Fantastique se propulsent en même temps sur les rayons des librairies et au premier rang des présentoirs. L'un était pour moi - et pour pas mal d'autres, je pense - absolument légendaire : il s'agit du roman d'E. Hamilton, Ville sous globe, que Le Masque vient de publier avec un article défini qui n'ajoute rien à sa gloire. Je l'ai ouvert avec une appréhension extrême. La magie allait-elle jouer aussi fort qu'à l'époque où j'avais dix-huit ans et la célèbre collection de Stephen Spriel et Georges H. Gallet ? J'étais alors auxiliaire dans un bureau tel qu'un jeune postier de 1974 n'en a jamais vu dans ses cauchemars les plus déprimants. Hamilton, ça a fait du bruit dans ma vie ! Et quelques semaines plus tard : Le monde des A. Bien, bien. Aussitôt après : La faune de l'espace. Puis : Cailloux dans le ciel. Essayez d'imaginer, bonnes gens. Entre la science-fiction et la révolution, mon cœur balançait. Si on ne nous avait pas donné ensuite Un martien sur la Terre et Le dernier astronef, je n'aurais jamais eu l'idée de m'inscrire au parti communiste !
     Je tiens Cailloux dans le ciel pour l'un des meilleurs romans d'Asimov. Je le trouve supérieur à Fondation et presque égal à La fin de l'éternité, mais peut-être me laissè-je porter par le vent tiède de la nostalgie. En tout cas, un très bon choix de Jacques Sadoul qui, à vrai dire, n'en fait presque jamais de mauvais. Malheureusement, la typographie de l'édition J'ai Lu est presque microscopique. Bon, il faudra s'y faire. Autant de gagné pour les arbres et l'oxygène ! Après tout, rien ne vous oblige à vous esquinter les yeux en cherchant un emploi dans les petites annonces de France-Soir ni à risquer l'accident rétinien en regardant le porte-parole du gouvernement à la télé. Economisez vos cônes et vos bâtonnets pour lire de la SF : vous ne le regretterez pas.
     Outre leur première publication au Rayon fantastique, ces deux romans présentent une analogie qui n'est pas due au hasard. Ils appartiennent l'un et l'autre à la postérité immédiate de la bombe d'Hiroshima et de la guerre de Corée. Et ils sont très typiques de ce point de vue, car ils se situent également loin après la destruction (partielle) de l'humanité par la guerre nucléaire et montrent un (ou plusieurs) américain(s) moyen(s) de notre temps, affrontant la civilisation galactique du futur. Mort et renaissance de l'homme. C'est encore l'optimisme, un optimisme modéré, mitigé, raisonné, et la science n'est plus notre sainte mère.
     Même scénario dans les deux cas. Une bombe « superatomique » s'abat sur la petite ville.de Middletown, où se trouvait un mystérieux laboratoire dont on nous dit sans plus de précision qu'il constituait « un des centres vitaux de la défense antiatomique américaine ». Et Middletown avec ses cinquante mille habitants sont transportés jusqu'en cette « fin du monde » qu'évoque le titre anglais. Joseph Schwartz, le petit tailleur vieillissant de Cailloux dans le ciel, est projeté lui aussi dans un lointain futur, à la suite d'un accident survenu dans un laboratoire de recherches nucléaires de Chicago. Kenniston et les habitants de Middletown se retrouvent isolés sur une Terre mourante, éclairée par un pauvre et pâle soleil et abandonnée par les survivants qui ont émigré depuis Dieu sait quand vers la gloire des Etoiles. Qui ont fui la planète froide en laissant, intactes, leurs « villes sous globe », comme celle qu'on voit sur la couverture naïve de l'édition Hachette. Par contre, la Terre sur laquelle Joseph Schwartz est expédié par un mystérieux rayon - petit monde minable à la périphérie d'un vaste empire - doit à la guerre et à ses séquelles d'être tenue en quarantaine par les seigneurs de la galaxie. Le héros de La ville sous globe n'aura pour affronter les hommes et les humanoïdes du lointain futur que son regard clair, son courage de bon Américain et l'amour d'une belle galactique, l'administrateur Varn Allan. Malgré les facultés psi que Joseph Schwartz doit à l'invention du docteur Shekt, le tailleur de Chicago n'est qu'un pauvre type, un anti-héros que ses dons apparentent au mulot de Perry Rhodan plus qu'à Gilbert Gosseyn. Le véritable héros de Cailloux dans le ciel, c'est l'extraterrestre Bel Arvardan.
     Les deux ouvrages se séparent dans le dénouement. La science a fait le malheur des gens de Middletown ; mais elle les sauvera en réchauffant la Terre grâce à la bombe de Jon Arnold. Au contraire, la science aura de nouveau le mauvais rôle à la fin du roman d'Asimov, alors que les Terriens se préparent à déclencher une guerre bactériologique contre l'Empire. Tout s'arrangera, bien sûr, grâce à l'amour de Varn pour Kenniston - Hamilton - ou du Dr Arvardan pour la touchante Pola - Asimov. Le Terrien et la Galactique. Le Galactique et la Terrienne. Les possibilités sont limitées avec cette fichue race primitive, dotée seulement de deux sexes !
     La plus grande qualité de La ville sous globe, c'est la simplicité du récit. L'intrigue très linéaire laisse toute la place à une description sensible et discrète de la vieille ville et de la planète mourante et à la psychologie des hommes et des femmes de Middletown, jetés dans un monde incompréhensible, luttant avec acharnement pour sauver quelques bribes d'un présent devenu en une seconde un passé lointain et presque inimaginable.
     La plus grande qualité de Cailloux dans le ciel, c'est - fait étrange - l'humanité. Pour une fois, Asimov a écrit un bouquin qui ressemble à sa tête (bien sympathique). Humanité symbolisée par ces vers de Browning que Joseph Schwartz se récite au commencement et à la fin du livre :
     « Vieillissons ensemble !
     Le meilleur, encore, est à naître,
     L'apogée, la raison d'être de tout ce qui a été vécu. »
     Dans une littérature - la SF classique - qui se livrait volontiers au culte de la jeunesse, c'était une attachante originalité d'avoir choisi, comme Asimov, d'évoquer les charmes et les mérites de la vieillesse, à travers un bonhomme très ordinaire. Dans une littérature - la SF classique - volontiers raciste, c'était une originalité digne d'éloge d'avoir peint comme Hamilton des humanoïdes (Gor Holl, Magro) plus humains que les humains.
     Je me souviens tout à coup d'une définition moitié géniale, moitié paradoxale, entendue dans je ne sais quelle spirituelle assemblée : « La science - fiction, c'est ce genre d'histoires où la Terre s'écrit toujours avec une majuscule. » Elle s'applique fort bien à ces deux excellents romans. Oui, j'aime beaucoup la spéculative fiction et la new wave, car le temps des changements est venu, mais je ne souhaite pas que la Terre perde sa majuscule dans les jeux de l'esprit.

Michel JEURY
Première parution : 1/4/1975 dans Fiction 256
Mise en ligne le : 12/1/2015

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (2001 - 2007) (2012)

     Joseph Schwartz est un homme en tous points médiocre. Ancien tailleur à la retraite, il mène une existence on ne peut plus banale dans la banlieue de Chicago. Jusqu'au jour où, suite à un incident dans un laboratoire voisin, il se retrouve subitement propulsé dans un autre monde. Un monde qui pourrait se trouver quelque part à l'autre bout de la galaxie, tant il est différent de celui qu'il connait, mais qui n'est autre que la Terre, quelques dizaines de milliers d'années dans le futur.

     En 1950, Isaac Asimov a déjà dix ans de carrière derrière lui et une quarantaine de nouvelles publiées, dont celles qui constitueront les premiers volets des cycles des « Robots » et de « Fondation ». Mais Cailloux dans le ciel est l'œuvre d'un romancier débutant, et le résultat s'en ressent. Asimov a toutes les peines du monde à donner du rythme à son récit et à accrocher son lecteur. La faute à un personnage principal falot, qui se laisse bringuebaler par les évènements, à une intrigue mollassonne, qui reste longtemps sans ligne directrice claire — les enjeux dramatiques de cette histoire ne sont révélés que bien trop tard — et à une action dont le lecteur ne découvre la progression qu'indirectement, à travers les dialogues entre les différents protagonistes. Ce dernier point demeure toutefois celui que l'auteur maitrise le mieux, les échanges étant le plus souvent vifs et adroits.

     Malgré ses indéniables carences formelles, Cailloux dans le ciel possède pourtant certaines qualités. L'un des éléments les plus intéressants du roman est la description que fait Asimov de cette Terre d'un avenir lointain. Perdue au sein d'un empire galactique regroupant deux cent millions de mondes, c'est une planète arriérée, en grande partie inhabitable à cause de son fort taux de radioactivité, et dont les habitants sont en butte à un racisme particulièrement virulent. « Pour moi, le seul bon Terrien, c'est le Terrien mort. Et même alors, en général, ils puent. » Un monde méprisé, certes, mais aussi, comme on le découvre au fil du récit, un monde méprisable. L'arrogance des Terriens, en constante rébellion contre les autorités impériales, n'a d'égale que la barbarie de leurs mœurs, dont la manifestation la plus spectaculaire est l'euthanasie pratiquée de manière systématique à l'encontre des vieillards et, plus généralement, de toute personne jugée improductive. Dans ces conditions, on ne s'étonnera guère que l'ensemble de la population galactique refuse d'envisager un seul instant que la Terre puisse être le berceau historique de l'humanité.

     Adoptant le point de vue du modeste Joseph Schwartz, Isaac Asimov donne à voir une situation moins simple qu'il ne paraît de prime abord, dénonçant avec la même sévérité les préjugés des uns et l'obscurantisme des autres, et abordant les thèmes du nationalisme, de la discrimination ou du terrorisme. Le roman gagne beaucoup en intérêt dans ses derniers chapitres, lorsqu'est révélé un complot dont les conséquences, à l'échelle galactique, pourraient se révéler dramatiques. Les différents personnages montrent alors leur véritable visage, et les motivations des différentes factions qui s'affrontent laissent deviner toute la complexité des rapports de force au sein de cet univers.

     Si le roman s'inscrit dans la même histoire du futur que « Fondation », quelques millénaires en amont, Cailloux dans le ciel n'entretient toutefois que de lointains rapports avec cette œuvre — son principal point commun étant la place centrale qu'occupe Trantor au sein de l'empire galactique qui y est décrit — et sera ensuite réuni avec deux autres romans de l'auteur, Tyrann / Poussière d'étoiles et Les Courants de l'espace, pour former le « Cycle de l'Empire »,. Un cycle en marge des œuvres les plus fameuses d'Asimov, mais qui lui permit d'aborder différentes périodes historiques de cette civilisation, de son essor à son apogée. Cailloux dans le ciel, premier roman de l'auteur, apparaît comme une tentative initiale en bonne partie ratée, mais pas totalement dénuée d'intérêt.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/4/2012
dans Bifrost 66
Mise en ligne le : 5/5/2013

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