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Les Chaînes d'Eymerich

Valerio EVANGELISTI

Titre original : Le catene di Eymerich, 1995
Première parution : Urania, 1995
Cycle : Eymerich  vol. 2 

Traduction de Serge QUADRUPPANI
Illustration de Corinne BILLON

La VOLTE
Dépôt légal : septembre 2011
Roman, 256 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-917157-16-9
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   in Nicolas Eymerich, inquisiteur - volume 1, LIVRE DE POCHE, 2016
   POCKET, 1999, 2000, 2004
   RIVAGES, 1998

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     1365, Savoie. L'inquisiteur Nicolas Eymerich conduit une expédition afin d'enquêter sur une improbable résurgence de l'hérésie cathare.
     1990, Timisoara. Une journaliste française découvre des secrets enfouis dans les charniers.
     2000, Guatemala City. Une clinique privée entretient un sordide trafic d'organes.

     Les chaînes déroulent leurs anneaux entrelacés à travers les époques, temps et espace vacillent, alors que Nicolas Eymerich se dresse contre les ennemis de l'Ordre et de la Foi.

     Né à Bologne en 1952, ancien professeur d'histoire, Valerio Evangelisti construit une œuvre qui enjambe les genres, dans la lignée d'une littérature populaire européenne ouverte. Les aventures de l'inquisiteur ont été couronnées en Italie par le prix Urania et en France par le Grand Prix de l'Imaginaire et le prix Tour-Eiffel.
Critiques
 
     Focus NICOLAS EYMERICH aux éditions La Volte
     1. — Nicolas Eymerich, inquisiteur — Valerio Evangelisti
     2. — Les Chaînes d'Eymerich — Valerio Evangelisti
     3. — Le Château d'Eymerich — Valerio Evangelisti

     La couverture est sombre mais d'une élégante sobriété, avec sa police « Inquisition » qui dessine une croix sur le premier volume. La Volte présente l'intégrale du cycle de Nicolas Eymerich, à ce jour incomplet en France. Après la reprise des deux premiers volumes, nécessaires pour comprendre la série, paraît le septième volume du cycle, inédit, le huitième si on compte le recueil de nouvelles Métal Hurlant.
     Nicolas Eymerich est cet inquisiteur intransigeant du milieu du XIVe siècle, uniquement porté par sa foi et son devoir, en proie à des manifestations diaboliques sur lesquelles il enquête avec la maestria d'un Sherlock Holmes, éradiquant les hérésies avec une expéditive insensibilité. Mais il s'agit de science-fiction, et l'intérêt de la série réside avant tout dans la découverte du voyage dans le temps grâce à une particule plus rapide que la lumière, le psytron, qui vibre sous l'action des neurones, autrement dit de la pensée : il est vrai qu'on se transporte instantanément ailleurs par la pensée. Inspirée de la théorie des cordes, cette vibration des particules dans un espace sensible aux psytrons, nommé Psyché, débouche sur le dédoublement du penseur lors d'un voyage dans le passé. C'est ainsi que dans le futur le Malpertuis, vaisseau spatial avec à son bord un curé fanatique, tente d'aborder une planète nommée Olympe pour y récupérer des créatures mythologiques encore existantes, mais se retrouve par erreur à l'époque d'Eymerich. Les interférences sont la cause des troubles constatés à l'époque de ce dernier. Dans le premier volume, on voit Eymerich manœuvrer très habilement pour mériter son poste d'inquisiteur malgré son jeune âge. Trois époques s'interpénètrent superbement. On regrettera cependant que la traduction de Quadruppani n'ait pas été révisée pour ce qui concerne l'em-ploi de certains termes comme le flogistique pour phlogistique, ou ces curieux neutrins pour désigner les neutrinos.
     C'est précisément l'interpénétration des époques qui fait l'intérêt de la série, tissant des liens qui font sens. Dans Les Chaînes d'Eymerich, le procédé se trouve consolidé : en établissant des relations entre la résurgence d'une hérésie cathare en Savoie, des expériences génétiques commencées dans l'Allemagne des années 30 et poursuivies dans la Roumanie de Ceaucescu, des trafics d'organes au Guatemala, et encore un inquiétant futur en guerre où une organisation eugéniste hitlérienne, la Rache, poursuit sa quête d'immortalité, Evangelisti montre que chaque exaction est un anneau de la même chaîne allant des sombres heures du passé aux périodes modernes encore plus terrifiantes. Nicolas Eymerich, dangereux fanatique, dépeint comme un être qui agit dans ce qu'il croit être juste, ne torturant jamais pour le plaisir, apparaît finalement plus sympathique que bien des contemporains dénués de scrupules. Il a au moins son sens de la justice, discutable et excessif, qui l'empêche de franchir certaines lignes.
     C'est en partie sur cette intransigeance que repose l'intrigue du Château d'Eymerich. L'officier nazi ne dédaigne pas coucher avec les servantes juives du camp de concentration où il cherche à créer le soldat invincible ; des frères dominicains sont prêts à utiliser la magie juive, et donc à se damner, pour sauver leur Eglise ; Pierre le Cruel, assiégé dans son château, a assis son pouvoir par des compromis avec les ennemis naturels de la Chrétienté, les Sarrasins et les Juifs qui le protègent. Ces derniers ont équipé son château de dix tours et l'ont truffé de souterrains qu'il ignore ; le motif d'ensemble reproduit un dessin kabbalistique destiné à un rite à venir. Trois intrigues s'entrecroisent donc à nouveau. Eymerich appelé pour contrer des manifestations diaboliques dans la forteresse de Pierre le Cruel, déjà assiégée par son beau-frère Henri de Trastamare, en passe de lui ravir le trône de Castille, lutte contre maintes créatures fantasmagoriques, mais aussi, qui l'eût cru, contre la tentation de la chair. Le château lieu de complots, le château hanté et celui du savant fou : Evangelisti joue de tous ces motifs pour déployer les registres du fantastique dans cet épisode hautement symbolique, où la répétition même de certaines scènes ou répliques, qui pourraient passer pour des erreurs d'écriture, tisse un réseau de nature incantatoire. Eymerich, symbole de forteresse imprenable, se sent fragilisé en découvrant ses faiblesses, plus horrifié par ses sentiments que par les désirs charnels. Par ailleurs contesté dans son autorité par ses pairs, désorienté, c'est un Eymerich plus humain qui est présenté ici. Le final, paroxystique et délirant, clôt superbement cet opus où la noirceur se teinte parfois d'un humour sarcastique. Jubilatoire.
     L'ensemble des reprises et inédits devrait se poursuivre jusqu'en 2014. Les dix volumes de la saga méritent bien cette belle présentation.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/10/2012 dans Bifrost 68
Mise en ligne le : 3/4/2016

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition RIVAGES, Fantasy ()

     C'est avec un grand plaisir que l'on retrouve Nicolas Eymerich pour le deuxième volet de ses aventures, plaisir encore augmenté par la qualité exceptionnelle de ce second livre, probablement encore meilleur que leprécédent (et qui peut se lire indépendamment, précisons-le).
     Cette fois, Eymerich est au prise avec une histoire qui "prend sa source", littéralement, dans les évangiles et qui s'achévera dans un futur proche, au cours d'une bataille hallucinante. Manipulations génétiques, trafficd'organes, immortalité, sociétés secrètes... seront au centre de cette histoire extraordinaire, pour laquelle il est préférable d'admirer l'intelligence du propos que de s'interroger sur la vraisemblance scientifique à laquelle l'auteur ne semble guère attacher d'importance.
     Dans ce livre brillant, Evangelisti nous étonne encore par l'ingéniosité et la virtuosité avec lesquelles il parvient à entremêler sans faille des événements séparés par plusieurs siècles et des scènes disséminées à la surface du globe. Mais si le lecteur s'amuse à démêler les fils de l'intrigue, cet amusement se mêle cette fois à un frisson d'horreur, car le monde décrit par l'auteur paraît bien sinistre (et malheureusement bien réel).
     Cette lucidité sur l'histoire de l'humanité apporte encore une dimension supplémentaire à l'ouvrage, qui n'est pas seulement un livre-jeu en forme de puzzle, mais aussi une réflexion puissante sur les vieux démons de l'humanité et une réflexion moderne sur les risques de la science privée d'éthique.
     Evangelisti s'affirme donc comme l'un des auteurs les plus originaux et les plus brillants du moment, et son immense talent a d'ailleurs été consacré par le Grand Prix de l'Imaginaire 1998, puis le Prix Tour Eiffel 1998, amplement mérités.

Pascal PATOZ (lui écrire)
nooSFere


Edition RIVAGES, Fantasy (1998)

     Première question : quel rapport y a-t-il entre une résurgence du paganisme dans l'Aragon de l'an 1352 et l'étrange voyage de l'astronef Malpertuis en l'an 2194 ?

     Deuxième question : quel lien y a-t-il entre un retour des Cathares dans la Savoie du XIVe siècle et une guerre future où la chair à canon est fournie par des êtres artificiels ?

     La réponse est la même : Nicolas Eymerich, une grande figure de l'Inquisition, devenu sous la plume de Valerio Evangelisti le héros d'une série de science-fiction qui fera date. Car il ne faut pas s'y tromper : si l'habillage de ces deux livres peut les faire passer pour du fantastique ou de la fantasy, c'est bien de SF qu'il s'agit. Leurs intrigues reposent sur une idée de SF, et leur richesse narrative vient entre autres du fait que le lecteur dispose pour les apprécier de clés qui sont refusées à certains des personnages.

     Mais leur intérêt ne se limite pas là. Evangelisti cite Maurice Leblanc parmi ses influences ; or tout l'art de celui-ci reposait sur la mise en parallèle du destin de Lupin et de celui de la France, des destins qui s'entrecroisaient de façon de plus en plus complexe à mesure que progressait la saga lupinienne. Le trait de génie d'Evangelisti consiste à avoir appliqué le même principe à un contexte de SF, et le lecteur émerveillé voit se tisser sous ses yeux une splendide toile liant le passé, le présent et le futur. À ce titre, le jeu des correspondances auquel se livre Evangelisti rappelle des séries télévisées comme par exemple les X-Files, ou romanesques comme Les Futurs Mystères de Paris de Roland C. Wagner. Souhaitons longue vie à Nicolas Eymerich et à Valerio Evangelisti, dont on attend le prochain livre avec impatience.

Jean-Daniel BRÈQUE
Première parution : 1/6/1998
dans Galaxies 9
Mise en ligne le : 29/4/2009

Cité dans les pages thématiques suivantes
Immortalité

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Jean-Pierre Fontana : Sondage Fontana - Fantasy (liste parue en 2002)  pour la série : Eymerich
Francis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000)  pour la série : Eymerich

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