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Fantaisies dans la manière de Callot

Ernst Theodor Amadeus HOFFMANN

Titre original : Fantasiestücke in Callot's Manier, 1814
Première parution : Bamberg, Allemagne : de 1814 à 1815   ISFDB
Traduction de Henri DE CURZON

PHÉBUS (Paris, France), coll. Verso suivant dans la collection
Dépôt légal : 4ème trimestre 1979, Achevé d'imprimer : 15 octobre 1979
Réédition
Recueil de nouvelles, 424 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : 2-85940-026-5
Format : 14,0x 20,3 cm
Genre : Fantastique

Traduction initiée par Albert Béguin et Madeleine Laval, dont la version a été achevée par Henri De Curzon (voir rabat de couverture).

Autres éditions

Sous le titre Contes : Fantaisies à la manière de Callot   GALLIMARD, 1979
   LIVRE DE POCHE, 1969
Sous le titre Fantaisies
   PHÉBUS, 2004
Sous le titre Fantaisies dans la manière de Callot
   POCKET, 1990

Quatrième de couverture

[texte du rabat de couverture]

E.T.A. HOFFMANN
(1776-1822)

Freud voyait en lui « le maitre inégalé de l’inquiétante étrangeté en littérature ». Le fait est qu’après bientôt deux siècles, le fantastique d’Hoffmann apparaît aux yeux du lecteur moderne comme une sorte de « fantastique absolu ». Non tant en ce qu’il nous entraîne sur les voies d’un monde parallèle où le corps et l’esprit perdraient pied ; mais plutôt dans l’exacte mesure où son univers de prédilection est celui de l’intimité. Les démons infernaux logent d’abord en nous.
Dès lors s’explique-t-on que l’œuvre d’Hoffmann, à peu près seule parmi toutes, ait conservé par delà les bouleversements du siècle cette importance mythologique qui nous la rend si irrécusablement moderne. Nerval et Baudelaire avaient été les premiers à nous en avertir. Et nous savons aujourd’hui que cette œuvre, somme passionnée de toutes les tentatives où le Romantisme allemand épuisa magnifiquement ses forces, loin de s’échapper dans quelque lointain, nous est plus que jamais nécessaire : directement à l’aplomb de nos appréhensions, de nos hontes, de nos terreurs.
Les lecteurs français n’avaient jamais pu approcher Hoffmann dans une édition qui soit la fois fidèle et complète. Albert Béguin et Madeleine Laval avaient entrepris de combler ce manque inexcusable, mais leur admirable traduction, partiellement publiée, resta en chantier à la mort d’Albert Béguin. C’est leur projet que les Éditions Phébus reprennent aujourd’hui, avec l’intention arrêtée de le mener à son achèvement.

[texte de la quatrième de couverture]

C’est le premier recueil de contes d’Hoffmann : sans doute le plus célèbre, mais le plus constamment trahi par ses "traducteurs", qui l’expurgent systématiquement des admirables "Kreisleriana" où puisèrent pourtant Baudelaire et Schumann. La présente édition offre pour la première fois au public français la version originale de ce chef-d’œuvre incontesté de la littérature fantastique : tel exactement que le rêva Hoffmann ; et tel que le présenta au public de l’époque son génial préfacier, Jean-Paul Richter.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - (non mentionné), Note de l'éditeur, pages 11 à 12, préface
2 - Henri DE CURZON, Avertissement du traducteur, pages 13 à 21, préface
3 - Jean-Paul RICHTER, Préface (1815), pages 23 à 29, préface, trad. Madeleine LAVAL
4 - Jacques Callot (Jacques Callot, 1814), pages 33 à 34, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
5 - Le Chevalier Glück (Ritter Gluck. Eine Erinnerung aus dem Jahre 1809, 1814), pages 35 à 46, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
6 - Kreisleriana (1814), pages 47 à 97, recueil de nouvelles, trad. Henri DE CURZON
7 - Les Souffrances musicales du maître de chapelle Johannès Kreisler (Johannes Kreislers, des Kapellmeisters, musikalische Leiden, 1814), pages 49 à 57, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
8 - Ombra adorata (Ombra adorata, 1814), pages 57 à 61, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
9 - Pensées sur la haute dignité de la musique (Gedanken über den hohen Wert der Musik, 1814), pages 61 à 67, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
10 - La Musique instrumentale de Beethoven (Beethovens Instrumental-Musik, 1814), pages 67 à 76, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
11 - Pensées très détachées (Höchst zerstreute Gedanken, 1814), pages 77 à 87, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
12 - Le Parfait machiniste (Der vollkommene Maschinist, 1814), pages 87 à 97, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
13 - Dom Juan (Don Juan. Eine fabelhafte Begebenheit, die sich einem reisenden Enthusiasten zugetragen, 1813), pages 99 à 112, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
14 - Informations sur les récentes fortunes du chien Berganza (Nachricht von den neuesten Schicksalen des Hundes Berganza, 1814), pages 113 à 186, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
15 - Le Magnétiseur (Der Magnetiseur, 1814), pages 187 à 232, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
16 - Le Vase d'or (Der goldne Topf. Ein Märchen aus der neuen Zeit, 1814), pages 233 à 324, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
17 - Les Aventures de la nuit de Saint Sylvestre (Die Abenteuer der Sylvesternacht, 1814), pages 325 à 360, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
18 - Kreisleriana (deuxième série) (Kreisleriana (2), 1815), pages 361 à 412, recueil de nouvelles, trad. Henri DE CURZON
19 - Lettre du baron Wallborn au maître de chapelle Kreisler (Brief des Barons Wallborn an den Kapellmeister Kreisler, 1814), pages 363 à 365, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
20 - Lettre du maître de chapelle Kreisler au baron Wallborn (Brief des Kapellmeisters Kreisler an den Baron Wallborn, 1814), pages 368 à 371, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
21 - Le Club poético-musical de Kreisler (Kreislers musikalisch-poetischer Klub), pages 371 à 376, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
22 - Nouvelles d'un jeune homme cultivé (Nachricht von einem gebildeten jungen Mann, 1814), pages 377 à 387, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
23 - L'Ennemi de la musique (Der Musikfeind, 1814), pages 387 à 396, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
24 - Sur une remarque de Sacchini et sur ce qu'on appelle "l'effet" dans la musique (Über einen Ausspruch Sacchinis, 1814), pages 396 à 405, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
25 - Lettres de maîtrise de Johannès Kreisler (Johannes Kreislers Lehrbrief), pages 405 à 414, nouvelle, trad. Henri DE CURZON
26 - (non mentionné), Notice bibliographique, pages 415 à 417, notes
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition PHÉBUS, Libretto (2004)

[Chronique portant à la fois sur Fantaisies et sur Le Chat Murr]

     Hoffmann est un auteur que l'on ne présente plus. Ses œuvres ont inspiré tant les poètes que les romanciers et les musiciens. Cependant, comme trop d'auteurs que l'on croit connaître, et dont la renommée n'est plus à faire, son œuvre n'a vu que tardivement une parution française relativement complète, accessible à tous, dans une traduction soignée. Les éditions Phébus ont aujourd'hui entrepris de mettre un terme à cet état de fait, puisqu'elles nous proposent une réédition complète de ses « Contes et Récits » en quatorze volumes, dans la collection « Libretto », en choisissant les traductions les plus fidèles, à la fois à la lettre et à l'esprit de l'auteur. Disons-le dès maintenant : l'édition est attractive, avec un format « poche » amélioré, une belle impression et une très agréable absence de coquilles (denrée rare...). Par ailleurs, on y trouve de passionnantes introductions, préfaces et notes, nécessaires à une intelligence claire des textes. Bref, un outil tant de découverte que de travail.

     Les deux premiers volumes qui initient cette collection sont aux deux extrêmes de l'œuvre hoffmannienne : les Fantaisies, publiés en 1812-1813, et son roman semi-testamentaire, Le Chat Murr. Deux œuvres d'un genre profondément différent, qui font à elles seules la preuve de l'éventail des styles d'Hoffmann, définitivement irréductible à un « type » d'écriture.

     Les Fantaisies, autrement intitulées Fantaisies à la manière de Callot, sont un recueil de nouvelles fantastiques, parmi lesquelles se trouvent sans conteste les textes les plus célèbres du conteur allemand. La nouvelle d'ouverture, « Le Chevalier Gluck », fait partie des textes qui ont fait d'Hoffmann un des grands maîtres du fantastique. Dans la même veine, on retrouve le « Don Juan », et surtout les fameuses « Aventures de la Saint-Sylvestre », où ressurgit le personnage de Peter Schlemil, héros du roman éponyme de l'Allemand Adelbert Von Chamisso, toujours à la recherche de son ombre. A la faveur de cette nuit particulière, il partage une table de taverne avec Spicker qui, lui, a donné son reflet à la diabolique Giuletta, et que le flamboyant Docteur Dapertutto poursuit encore. A côté de ces textes proprement fantastiques, on redécouvre des contes nettement plus « merveilleux », comme « Le Vase d'Or », dans lequel Hoffmann laisse libre cours à son imagination. Les visions oniriques qu'il met en scène sont tour à tour fascinantes, inquiétantes, drôles, sombres, colorées, envoûtantes... mais toujours emplies d'une « vie » surprenante. La puissance évocatrice de l'auteur est tout simplement confondante. De nombreux passages feraient certainement envie aux tenants de l'écriture du rêve, tant ils semblent proches du fonctionnement effectif de notre inconscient, sans pourtant que la construction du récit soit jamais prise en défaut.
     L'édition accorde également la place qui leur revient de droit aux « Kreisleriana », trop longtemps laissées de côté. Johannes Keisler, maître de chapelle et « double » avoué d'Hoffmann, est un homme en révolte contre ceux qui galvaudent la culture, se permettent des jugements d'ignorants, ou se targuent de dons artistiques ; personnages qu'on trouve alors tout particulièrement dans les salons mondains. Homme fantasque, parfois à la limite de la folie, ironique, mordant, Kreisler écorche sans remords toute une partie de la société qui se veut cultivée, et incarne à ses yeux le philistinisme. Loin du fantastique, ses écrits — sous forme de fragments compilés, écrits au hasard des partitions — sont aussi l'occasion de longs commentaires sur la musique, l'art et les mœurs de son temps. Les tableaux et les personnages qu'il y brosse font les frais de son humour ravageur, pour notre plus grand plaisir, même si, derrière cet humour, on sent une indignation à peine contenue, et parfois, au détour d'une phrase, la douleur d'un amour irréalisable.

     Ce regard dévastateur sur la société n'est pas l'apanage exclusif de Kreisler. Hoffmann le place également dans la gueule du chien Berganza, qu'il emprunte pour l'occasion à Cervantès. Ce canidé, doué de la parole, entretient en effet une conversation prolongée avec le narrateur, au cours de laquelle il lui raconte ses expériences dans le monde des hommes « cultivés », et donne son point de vue plus particulièrement sur le théâtre de l'époque. Dans une veine très voltairienne, Hoffmann donne également la parole à un singe, admis, écouté et respecté dans les meilleurs salons, qui raconte comment il est passé du statut de primate à celui de « singe savant » en peu de temps et d'efforts. La lettre, adressée à son amie Pipi, tient en quelques pages, dont l'humour ravageur n'a pas pris une ride... Un grand moment d'anthologie de l'ironie.

     Donner la parole aux animaux, Hoffmann le refera plus longuement dans son dernier ouvrage, le second qui nous intéresse : Le Chat Murr.

     [...] 1

     Deux ouvrages donc, qui viennent ouvrir une longue série. Chacun à une extrémité du parcours créatif de leur auteur. L'un, fantastique, drôle, ironique, mordant, certainement le modèle même de ce que l'on conçoit comme l'Œuvre hoffmanienne... et le second, plus intime, plus éloigné de l'inspiration surnaturelle, et étrangement moderne. Deux volumes, donc, qui s'imposent tout simplement dans votre bibliothèque, en attendant de leur adjoindre les douze suivants.

Notes :

1. La partie de la chronique portant sur Le Chat Murr n'est pas reproduite ici. On la trouvera sur la fiche dudit ouvrage. [Note de nooSFere]

Sylvie BURIGANA
Première parution : 1/7/2004
dans Bifrost 35
Mise en ligne le : 4/8/2005

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